DIVERS - Fan fiction
ELITE
ELITE
Une grande explosion, et un fracas assourdissant, c'est tout dont ce je me souviens.
Il faut dire, on savait tous qu'on irait pas très loin. Quelques pélicans essayant de semer des phantoms et des séraphins, forcément, on comprend de suite. La bataille de Reach venait à peine de commencer qu'on savait déjà que c'était mal parti. Je savais que c'était mal barré, et en général, mon instinct ne me trompe pas.
Lorsque j'ai repris connaissance, j'étais propulsé dans des buissons, à quelques mètres du pélican dans lequel je me trouvais il y a quelques secondes à peine. J'avais un de ces mal de têtes, et je n'entendais quasiment rien, sauf un bourdonnement lancinant qui , obstruait mes oreilles. Les yeux hagards, je contemplais sans expression les corps sans vie de mes camarades, les corps brisés et gisant en tout sens. Un miracle... C'était un miracle que je sois encore vivant.
Dans ces moments-là, on ne sait pas trop quoi faire, vous savez. On survit à un crash terrible, on voit ses frères d'armes en miettes, sans compter une blessure plutôt vilaine à la jambe gauche qui vous lance dans tout le corps, eh bien... Le premier réflexe que j'ai eu, c'est chercher mon bon vieux S2 AM. Ce fusil de sniper était devenu au fil du temps une partie de moi-même ; vous me l'enlevez, et j'ai l'impression de perdre comme un bras.
Je lançais un coup d'oeil dans les environs, pour tenter de retrouver ma "partie", et ce faisant, j'enlevais mon casque, afin d'essuyer la sueur qui perlait sur mon front. L'ouïe commençait à me revenir ; j'entendais des sortes d'explosions au lointain et des tirs. Ça me rassurait, dans un sens ; au moins, je n'allais pas finir sourd. D'un air désolé, je hôcha la tête en voyant le triste spectacle autour de moi : 6 pélicans, tous fumants et brûlants, lamentablement plaqués au sol.
C'est à ce moment-là que je commença à sentir une bouffée d'angoisse ; j'étais seul. C'était quand même dingue que je sois le seul survivant à ce crash ! Ou alors, depuis le temps, il fallait que je me fasse à l'idée qu'une bonne étoile planait au-dessus de ma tête. Laissant tomber au sol mon casque - qui n'allait plus me servir à grand chose - je poursuivis ma marche, essayant toujours de retrouver mon S2 AM. Soudain, je le vis, et je me fendis d'un sourire ; il était là ! Fort heureusement, il n'avait subit aucun dégâts. Boitillant jusqu'à lui, je m'en empara et le mit en bandouillère. Il fallait fuir à présent, se cacher dans les falaises là-bas. Ces foutus covies n'allaient pas tarder à rappliquer, et je n'avais pas envie de me faire trouer de plasma.
Cette scène n'avait durée que 5 minutes tout au plus... Et pourtant, j'avais l'impression que cela faisait une éternité que j'évoluais dans les débris du crash...
Grimaçant de douleur, ma jambe me faisant horriblement souffrir, j'essayais désespérement de courir jusqu'aux falaises pour me mettre à l'abri. Ces falaises offraient justement une bonne planque ; un endroit idéal pour sniper ces saletés de poulpes qui essayeraient de venir ici.
Oh, mais j'ai oublié de me présenter ! Martin Logan, 33 ans, membre des forces ELITE, du CSNU bien entendu. Comment ? Vous ne savez pas ce que sont les ELITE ? Eh bien, c'est simple : ce sont simplement les tireurs d'élites plus qu'élites. A vrai dire, il n'y en a pas beaucoup, des ELITE ; nous sommes triés et nous subissons ensuite une sélection draconienne par-dessus le marché. Seuls les meilleurs snipers obtiennent un tel titre, et c'est pas pour me vanter, mais je pense être un excellent tireur d'élite, sinon je n'en ferais pas partie, n'est-ce pas ? J'ai une femme, et un gosse, et je dois avouer qu'en ce moment je ne pense qu'à eux. Tout ce que je souhaite, c'est survivre assez longtemps pour les revoir. Et je compte sur mon fidèle S2 AM pour ça.
Me hissant dans une sorte de petite cuvette au milieu des falaises (non sans difficulté), je me laisse me rouler sur le dos, exténué. Mes yeux me brûlent, seul point positif, je vois moins trouble. Ecoutant calmement le bruit de ma respiration, je regarde le ciel ; il est bleu, et parfois, des tirs le zèbrent de part en part... Soudain, je sens mes forces me quitter.
Résister... Je ne dois pas tomber... dans... les vappes...
" Et toi, sale raclure, tu as un nom où t'es juste une grande gueule anonyme ?!
- Thomas McLees, sergent !
- Pour moi, tu seras le blaireau, c'est bien comprit, sale petite tête ?!
- Sergent, OUI sergent !
L'oeil maussade, le sergent-instructeur Ryley réajusta son casque, avant de venir coller son visage contre moi :
- Et toi, l'affreux, crache-moi ton nom !
- Martin Logan, sergent !
- Mon cul, c'est un nom trop précieux pour toi ! Dorénavant, tu seras sac-à-mer* !
- Sergent, OUI sergent !
Sac-à-mer*... Je dois avouer que je n'étais pas particulièrement heureux de porter ce surnom, je préférais encore "blaireau". Je venais à peine d'arriver chez les marines que déjà j'étais malmené. Quand je me suis engagé, je savais que ça n'allait pas être rose. Mais à ce point-là... Pour tout vous dire, je suis parti de chez-moi, parce que mon père tirait un peu trop souvent sur la bouteille, et que ça finissait généralement en baston entre lui et ma mère. J'en avais marre, c'était invivable à la maison. Et me voilà chez les marines, tout frais moulu, ayant tout juste 19 ans.
Le sergent-instructeur, ayant finit de se "présenter" avec ses nouvelles recrues, se posta devant-nous, les mains derrière le dos, les jambes écartées. Il avait une super allure de cow-boy ; j'aurai bien éclaté de rire si je ne me doutais pas que j'aurai à faire 500 pompes juste après.
" Vous êtes maintenant des marines, bande de petites raclures ! Des mecs pas ordinaires ! Les marines ont pas froid aux yeux, ils sont courageux, et se coltinent le boulot le plus chiant de tout l'univers ! Je vous promet qu'à partir de maintenant, vous allez ramper, et vous allez bouffer trois tonnes de poussière, c'est clair ?!
- Sergent, OUI sergent !!! Criâmes-nous en coeur.
- Bien, alors pas de répit pour les braves ! On se rend au champ de tir, pour voir ce que vous valez, bande de petites lopettes ! Au pas de course, allez !!! "
Le champ de tir, excellent, j'avais hâte de m'y essayer. Quand j'étais plus jeune, je chassais avec mon grand-père dans les bois... Enfin, ça, c'était avant qu'il ne meure. Je n'ai plus eu l'occasion de toucher à une seule arme ensuite. Je me réjouissais d'avance.
Ce qu'avait oublié de nous dire notre fameux sergent, c'est que le champ de tir était à 5 km, et qu'il fallait y aller en courant comme des dératés, pendant que lui nous suivais en warthog. Lorsque quelqu'un commençait à s'essoufler, il descendait du véhicule et lui collait des petits coups de matraque dans les côtes... Rien de plus motivant.
Lorsque nous arrivâmes au champ de tir, on dégoulinait tous de sueur. J'avais envie de vomir, et j'avais l'impression que j'allais exploser tellement j'avais chaud (il faut dire que en plein été...). Incapable d'articuler le moindre mot, je croisâ le regard de celui qui se tenait à côté de moi tout à l'heure, McLees. Il fit une esquisse de sourire ; instantanément, on se comprit : ça s'annonçait plutôt dûr pour nous.
" Bande de feignasses, on se bouge ! Prenez-moi ces armes dans le râtelier là-bas et allez me défoncer ces cibles ! ALLEZ, EXECUTION !!!
Déjà à moitié mort de fatigue, je me saisi d'un des nombreux BR55 et m'approcha de la ligne de tir. Les cibles étaient vraiment loin ; à moins d'être un as, c'était impossible d'en toucher une.
" Touchez au moins trois fois votre cible ! Gueula le sergent. Celui qui n'y arrive pas bouffera rien du tout ce soir !
Quelques premiers commençèrent à tirer, s'appliquant avec soin, la perspective de ne pas avoir à manger ce soir leur faisant visiblement très peur. Ils eurent beau tirer, ils n'arrivèrent pas à toucher une seule de leur cible... Le sergent Ryley passait derrière-eux et commentait d'un "minable, mon garçon" ou "ma grand-mère vous aurait apprit ce que c'est que tirer". Certains n'arrivaient même pas à enlever le cran de sécurité et commençaient à avoir les larmes aux yeux d'être aussi "nuls".
" Voyons voir, fit McLees, qui se tenait à ma droite. Ça devrait pas aussi être difficile que ça en a l'air...
Il défit le cran de sécurité tira la langue et plissa les yeux. Il parvint à toucher trois fois la fameuse cible au prix de nombreux tirs... Quant à moi, je n'avais toujours pas tiré, et d'ailleurs, je ne savais pas pourquoi. J'étais intrigué par ce curieux spectacle : une bande de néophytes dans l'armée malmenés par un sergent-instructeur fou furieux.
- Tu tires pas ? Me fit McLees en souriant.
- Si si, bégayais-je, me tirant de mes pensées.
- Tu ne sais peut-être pas comment faire ; tu veux que je te montre ? Me proposa McLees.
En disant ces mots, le sergent Ryley vint se positionner derrière-moi.
" Encore un incapable ! Cria-t-il. Logan, vous êtes pas fouttu non plus d'enlever un cran de sécurité ?! Bon sang, qu'est-ce que j'ai fais au bon Dieu pour être tombé sur des abrutis pareils ?!
Revenant à la dure réalité, je défis le cran sans problème, puis épaula mon BR55. Je fis le silence dans ma tête... Je ne faisais plus qu'un avec mon arme, comme me l'avait apprit mon grand-père. Cessant presque de respirer, je voyais parfaitement bien la cible qui s'offrait à moi. Puis je pressa sur la détente ; trois coups.
" Bon dieu ! S'exclama le sergent au bout de quelques secondes.
Il prit ses jumelles, regarda au loin, et murmura encore "bon dieu !". Quant à moi, je remis mon arme en bandouillère, attendant les propos sarcastiques du sergent. J'avais mis toutes mes balles en pleine tête de la cible ; j'espérais qu'il n'allait pas trop me charier cette fois.
" Bon sang, Logan, où avez-vous appris à tirer ? Fit mon sergent, toujours stupéfait.
- A la chasse, sergent !
- Vous êtes bien le premier troufion que je vois vous en tirer comme ça ! Même un bon marine ne parvient pas à un tel résultat après plusieurs mois ici ! Recommencez pour voir ? La cible là-bas !
Il me désigna du doigt une cible tout à droite, encore plus loin qu'auparavant. Ça s'annonçait corcé, cette fois. Tout le monde avait arrêté de tirer et me regardait avec des yeux stupéfaits.
De nouveau, je me concentra... Le vent soufflait trop fort, il fallait donc que j'attende un petit peu si je ne voulais pas qu'il dévie ma balle. Calmant ma respiration, serein, je sentais la sueur perler sur mon front. Estimant la marge d'erreur à 3 mètres, je compensais ceci en relevant lentement mon arme, afin de palier à la courbure imposée à la balle par la pesanteur. Puis je fis feu.
Trois fois.
" Le fils de... Commenta le sergent, jumelles à la main. Logan, vous êtes un as, bordel ! "
Chapitre Deuxième
Après l'entraînement au tir, une fois qu'on était reparti au camp, je peux vous assurer que tout le monde me dévorait du regard. J'avais commencé à sympathiser avec McLees dans le camion qui nous avait rammenés à la base. De bonne carrure, bien costaud et l'oeil intelligent, il avait toujours voulu rentrer dans l'armée. Son père avait prit sa retraite lorsqu'il avait atteint le grade de sous-officier, et il avait transmit le virus à son fils.
Lorsque le camion s'arrêta dans la cour, le sergent Ryley en sortit en premier, puis commença à gueuler ce qui allait devenir une routine :
" PLUS VITE ! ALLEZ ALLEZ ALLEZ !!!
On se mit alors tous en rang, bien droits, mais complétement crevés de notre journée. Notre supplice n'allait pourtant pas prendre fin ; notre sergent s'avança vers nous, le regard d'acier, avant de poursuivre sur ces mots :
- Bande de lavettes, vous méritez même pas de cirer mes bottes ! 200 pompes chacun maintenant, et je veux vous entendre compter !
Les pompes... Le genre de trucs que je détestais. Au bout de 120, je commençais à avoir les bras complétements engourdis, j'aurai juré qu'ils allaient se casser comme des brindilles à chaque nouvelle pompe. Dégoulinant de sueur, je regardai mes autres camarades, qui souffraient tout autant que moi. Lorsque j'eus atteint la 200ème, je me suis littéralement écroulé par-terre, heureux que tout ceci soit enfin terminé. Mes pauvres camarades qui s'étaient écroulés avant avaient gagné le prestigieux droit de courir dix fois autour de la cour...
Je peux vous dire que quand notre plateau-repas fut enfin devant nous le soir, à la cantine, on était vraiment heureux.
" Et bah, ça s'annonce compliqué tout ça, me fit Thomas en s'asseyant à côté de moi. Ils vont nous avoir à l'usure on dirait.
- Bon sang, c'est le premier repas que je savoure comme ça ! m'écriais-je en enfournant une autre bouchée.
- Au fait, Martin, t'as vraiment appris à tirer quand tu allais à la chasse ? Me demanda soudain un autre de mes camarades.
- Ouais, avec mon grand-père. Il disait que j'avais un bon petit potentiel à exploiter.
- Bah ça, on le comprend, rit Thomas. Un "potentiel" ? T'es un as plutôt. Encore un peu et ils vont te caser chez les tireurs d'élites mec.
- Je dois avouer que ça me botterait pas mal ouais. "
J'étais loin de me douter que c'est ce que j'allais bientôt devenir.
Une toux violente.
Je me réveillai en toussant, mais une toux horrible qui m'arracha quelques filets de sang, que je crachais au loin dans mon dur sursaut à la réalité.
Reach.
Oui, j'étais sur Reach. J'ai dû m'évanouir quelques instants, pas trop quand même, j'osais espérer. Quand je regardai l'heure, je vis qu'il ne s'était écoulé que quelques minutes, dieu merci. Cela me semblait être une éternité que j'étais plongé dans le noir. Essuyant ma bouche d'un revers de la main, je commençai à scruter les environs, heureux de constater qu'une bonne partie de mes sens étaient revenus.
Mes yeux me brûlaient beaucoup moins, et j'entendais presque comme il faut. Instinctivement, je tâtais de mon bras les environs pour chercher mon S2 AM. Il était juste à côté de moi, cette "partie" de mon corps que je chérissais tant. Couché sur le côté, je voyais l'autre partie des falaises s'étendre devant moi. Puis je portai mon regard vers les pélicans fumants, et curieusement, je ne ressentis aucune peine en voyant ce spectacle désolant. Peut-être que voir ses frères d'armes mourir au cours d'anciennes batailles vous forgeait une sorte de cocon protecteur...
Frères d'armes.
Ces mots firent naître en moi un puissant sentiment de nostalgie. Il se trouve que je conservais sur moi quelques photos, que je regardais pour fuir l'espace d'un instant la réalité ou me réfugier dans une sorte de cocon protecteur. Je le faisais souvent avant de partir à la bataille, ou quand j'avais le moral à zéro. Et j'en avais besoin en ce moment...
D'ailleurs, je n'étais pas le seul à faire ça ; tout le monde avait sa petite photo de sa femme ou ses enfants, et chacun la regardait silencieusement, se recueillant et leur adressant quelque prière. Quand les hommes tombaient sur le champ de bataille, et qu'ils avaient encore le courage de crier leur colère, ils finissaient par appeler leur mère, ou à regretter de ne pas être auprès de leur amour. Je vous assure... Quand on assiste à ce genre de spectacle, on a le sang qui se gèle, et l'envie de vomir.
Tirant d'une de mes poches une photo, j'esquissai un sourire en voyant celle que j'avais prise à la caserne, avec mes camarades. Thomas, Erik, Jeffrey...
Où êtes-vous donc en ces heures si difficiles ?...
Chapitre Troisième
La routine, c'est ce genre de mot banni du vocabulaire du marine standard.
Pendant le premier mois d'entraînement, on avait clairement soufferts. Entre les marches forcées de nuit à porter des sacs de 25 kilos remplis de caillasse, les 500 pompes du matin, les parcours d'obstacles dans la boue et sous les barbelés, je crois qu'on est passés par tout et n'importe quoi.
Certains finissaient par craquer nerveusement, ils s'arrêtaient en plein milieu de l'exercice et chialaient. Le sergent Ryley avait le don pour leur redonner du courage...
Mais après 6 mois, nos classes étaient presque terminées. Moi, Thomas, Erik et Jeffrey avions beaucoup sympathisés durant tout ce temps, et nous étions devenus d'excellents camarades. Lors des entraînements en équipe, on était toujours les meilleurs. On avait fini par ne plus parler ; un regard, un geste, tout ceci suffisait, comme si nous étions liés par un lien télépathique.
Mes performances au tir n'avaient pas cessées de s'accroître ; j'étais de loin le meilleur tireur de toute la caserne. Le sergent ne voulait pas le laisser paraître, mais il était toujours très fier de moi quand j'avais un fusil entre les mains.
Une fin d'après-midi, moi et mes trois autres camarades venions tout juste de terminer une petite course à pied. Alors qu'on se dirigeait au camp, un warthog s'arrêta près de nous : c'était notre bon vieux sergent, arborant son air froid habituel.
" Alors les gars, on se dégourdit les jambes ? Fit Ryley en serrant le frein à main.
- Oui sergent, on avait rien à faire alors on s'est dit qu'une petite balade nous ferait du bien ! Répondit Erik en essuyant d'un revers de la main la sueur sur son front.
- Bonne initiative les bleus ! Allez, montez, je vous rammène, je dois vous briefer dans quelques instants.
- Nous briefer sergent ? C'est grave ? Fit-je, interloqué.
- En tant que tel non, mais pour vos petits culs ça risque fortement ! Allez, montez ! "
Sans rien ajouter, nous montâmes, curieux d'en savoir plus. Le warthog redémarra en trombe, et nous arrivâmes bien vite à la caserne.
A peine descendus que le sergent nous ordonnait de rester sur place, alignés. Il s'éloigna en direction des dortoirs, pour aller selon toute vraisemblance chercher le reste des recrues. Quelques minutes plus tard, tout le monde arrivait au pas de course ; la curiosité pouvait se lire sur les visages. Le sergent Ryley arriva tranquillement, essayant de masquer un sourire sadique. Il se positionna devant-nous, et nous passa en revue d'un regard d'acier, et ce, pendant plusieurs minutes. Cela ne fit qu'attiser de plus en plus la tension dans les rangs. Il se décida enfin à prendre la parole après avoir terminé son petit jeu :
" Les bleus, vous serez bientôt des marines, des vrais ! Des gars courageux qui iront bouffer du covies sur les champs de bataille ! Mais avant cela, tout le monde doit passer une étape nécessaire : l'épreuve de survie.
En entendant "épreuve de survie", toutes nos gorges se serrèrent. Avec tout ce qu'on avait subit, on se doutait d'avance que cette fameuse épreuve allait être terriblement éprouvante.
- Comme son nom l'indique, l'épreuve de survie est une épreuve dans laquelle vous devrez déployer tous vos efforts et votre intelligence pour survivre en milieu hostile. Cette épreuve se situe dans la réserve militaire Ter-180, en Algérie, au bord du Sahara. Cette immense réserve a été conçue uniquement pour ce type d'épreuve. Vous allez devoir apprendre à trouver de la nourriture par vous-même, à survivre dans un climat et des conditions hostiles et à faire face au plus redoutable prédateur gracieusement fouttu à votre disposition : vous-même. Des questions ?
- Quand se déroulera-t-elle ? Demanda l'une des recrues.
- Tout à l'heure, répondit le sergent dans un sourire. Des pélicans viendront vous chercher et vous emméneront sur place. Vous serez briéfés dans le pélican durant le trajet.
- Doit-on emmener des effets personnels ? Demanda un autre.
- Sûrement pas, que dale ! Vociféra Ryley. Vous irez dans votre état actuel, à savoir crades et sans armes ! Vous allez inscrire dans votre cervelle le mot "survie", vous allez voir ! D'autres questions ?
Personne ne répondit. On était tous trop anxieux à l'idée de ce qui allait nous attendre. Le sergent, voyant que personne ne prenait à nouveau la parole, hôcha la tête et réajusta sa casquette. Il alluma une cigarette, inspirant une longue bouffée, puis tourna son regard vers le ciel, semblant attendre quelque chose.
Effectivement, une dizaine de minutes plus tard, cinq pélicans arrivèrent en formation serrée, et se posèrent à terre. Dans un sourire, le sergent nous adressa une dernière parole :
" N'oubliez pas, une seule idée en tête, SURVIVRE ! Si vous êtes suffisament forts, vous me reviendrez tous exténués, mais heureux de savourer la vie ! "
Chapitre Quatrième
J'irai pas jusqu'à dire que l'épreuve de survie qu'on a subit était le truc le plus intense et le plus cocasse de toute mon existence, mais c'était une belle leçon.
En fait, ça dépassait nos pires craintes ; quand le sergent parlait de survie, c'était vraiment de la survie, à n'en pas douter.
" Bien, je suis le lieutenant Hernest Wimarch. Si je suis ici, c'est pour vous dire ce qui vous attend dans quelques heures...
Ça devait bien faire trois quarts d'heure qu'on volait. On était tous restés silencieux ; le pélican nous secouait tous comme des vulgaires sacs de patates, et nos dents s'entrechoquaient violemment dans une soudaine turbulence. Le type qui venait de prendre la parole griffonait des trucs sur un carnet depuis tout à l'heure ; visiblement, il avait l'air soucieux, s'occuper de notre cas semblait être la dernière chose qui lui importait.
" Comme vous le savez, cette épreuve se déroule dans le désert, reprit le lieutenant d'une voix monocorde, et vous devrez survivre en conditions hostiles pendant une semaine. Vous n'aurez aucune arme pour vous défendre, aucun outil, aucun objet de confort, rien du tout, seulement vous-même. Tout ce qu'on vous donnera, c'est ce petit bracelet électronique ; gardez-le précieusement, il servira à vous localiser une fois l'épreuve terminée...
Le lieutenant distribua à tout le monde ces fameux bracelets, les sortant par poignées d'une boîte en carton. Lorsque j'eus le mien entre mes mains, ma gorge se serra. Dire que l'unique chance de me retrouver dans cette immense zone se résumait à un truc si petit...
" Pendant cette semaine, vous pourrez aller où vous voudrez, du moment que vous restez à l'intérieur du périmètre. Mais, de vous à moi, personne ne franchit jamais les limites ; d'une part parce que c'est très grand, d'autre part parce que vous risquez d'avoir une sacrée surprise. Bien entendu, une épreuve de survie ne sert à rien si vous ne faites que vous poster à un même endroit toute la semaine durant ; pour pallier à ceci, plusieurs équipes de TCAO vont patrouiller 24 heures sur 24, et vous traqueront sans relâche jusqu'à temps qu'ils vous capturent. Si vous vous faites capturer, nous déclinons toute responsabilité en cas de blessures graves...
Voilà qui s'annonçait pour le mieux. Non seulement nous allions faire face à des conditions climatiques difficiles, mais une meute de TCAO allait nous bastonner si on avait le malheur de se faire attraper... Les TCAO. Des dûrs à cuir à ce que j'avais entendu. Ces types étaient l'élite, et ne rigolaient certainement pas. Autant dire que nos chances de survie étaient maigres, sans mauvais jeu de mots.
" Vous serez largués sur place à intervals différents, seul. Ce sera ensuite à vous de déployer des efforts d'imagination pour rester en un seul morceau... Des questions ?
Tous demeurèrent silencieux. Le seul fait de savoir que des TCAO allaient nous pourchasser était déjà terrifiant en soit, inutile d'en demander plus. Voyant que nous restions sans mot dire, le lieutenant Wimarch se rassit, reprenant son grifouillage sur son calepin.
Durant tout le reste du trajet, on se regardait tous, la mine déconfite, le teint livide. Pour sûr, on avait drôlement la trouille...
" Recrue 18, Logan ! C'est à vous.
Le pélican se posa au sol encore une fois dans un vrombissement. Le lieutenant me fit un signe de tête, m'invitant à descendre de l'appareil. Il faisait nuit noire ; on voyait rien du tout, à part les formes indistinctes des falaises escarpées et des roches sur le chemin. Jetant un dernier regard à mes compagnons, tous autant anxieux que moi, je sautai de l'appareil, la gorge nouée, puis le pélican ne tarda pas à décoller, me laissant seul en proie à mes démons.
Si j'avais bien calculé, Thomas, qui avait été déposé juste avant-moi, se situait à environ 3 kilomètres au nord... Je lui avais dit de m'attendre dans le coin que je le rejoigne ; inutile de se leurrer, le travail d'équipe était l'unique solution. On avait passé le mot d'ailleurs à Erik et Jeffrey. J'espérais juste qu'ils réussiraient à nous rejoindre tout à l'heure...
Fixant un moment le pélican s'éloigner par-delà les falaises, je me résolu enfin à me mettre en route.
Pas un bruit... Tout était calme.
Le vent glacé du désert me frigorifia bien vite, et dans notre malheur, nous n'avions pas reçus de vêtements chauds ni de couvertures. Frissonant, je me mis à marcher à vive allure, direction nord-est. Mes pas résonnaient en un écho caverneux, celui-ci semblant se répercuter à l'infini à travers les falaises.
Une semaine, bon sang, ça allait être drôlement long. Tandis que j'étais plongé dans mes pensées, j'entendis un bruit de véhicule.
Un VEHICULE. Ce mot me fit immédiatement tilt dans mon esprit. Personne parmi nous n'a eu de warthog ni quoi que ce soit d'autre ! Le coeur battant la chamade, transpirant à grosses gouttes, je jettais désespérement des regards autour de moi pour tenter de trouver une cachette, sinon j'étais fouttu.
Une corniche, là, dans la paroie de cette falaise !
Courant à en perdre le souffle, je me jettai littéralement dans la corniche, me cognant violemment le bras gauche au passage. Grimaçant de douleur, je m'enfonçai le plus possible au fin fond de la cavité, priant le ciel de me laisser sauf cette fois-ci. Une bastonnade de TCAO ne me disait pas du tout en ce moment, je dois avouer...
M'accroupissant, j'osais à peine regarder au-dehors. Le bruit se fit de plus en plus proche, jusqu'à ce que le fameux warthog passe devant-moi, lentement. Trois hommes en noir étaient à l'intérieur du véhicule... L'un d'eux inspectait avec une grosse lampe-torche les recoins, comme s'ils s'attendaient à me voir débarquer d'un instant à l'autre. Mort de trouille, j'avais même arrêté de respirer ; je sentais juste les battements affolés de mon coeur qui n'allait pas tarder à me lâcher s'il persistait à travailler à pareille allure.
Le warthog finit par passer. Je demeurais encore dans le même état quelques minutes, comme si je n'osais croire qu'ils étaient partis. Mes esprits revenus, j'ai tellement eus la trouille que je n'ai même pas osé poursuivre mon chemin.
C'est ainsi que je passai ma première nuit de survie, caché comme un rat au fond d'une petite corniche...
C'est un rayon de soleil chaud qui me réveillai le lendemain matin. La gorge sèche, les lèvres pateuses, je me frottai les yeux un moment, revenant peu à peu à la raison. Le vent du désert m'avait couvert de poussière durant la nuit ; toussotant, je me dépoussierai, puis je descendis de ma cachette. Tout avait l'air calme ; j'étais seul en communion avec le désert.
Sans rien dire, je repris mon chemin, retrouver Thomas était plus important que tout en ce moment.
Posté le : 30/05/2007
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