Cette fic a été écrite sans fil directeur précis, si ce n'est celui de véhiculer des émotions. Il fait notamment deux entorses majeures à l'univers d'Halo, mais relève plus d'un test que d'un écrit travaillé.

Les explosions des grenades à fragmentation qui plantaient leurs shrapnels métalliques dans la terres battues par les balles et vitrifiée par le plasma en fusion, le hurlement des banshees qui volaient en formation serrée, délivrant leur plasma mortel sur les frêles fortifications humaines, le Supercroiseur covenant qui laissait de temps à autres entrevoir sa beauté mortelle entre les nuages âcres sortis des canons. 

Tel est le paysage sur lequel se déroule cette scène. Le décors est mouvant, un mouvement tellement désordonné et aux couleurs tellement fades qu'il en est vomitif. La scène est faite de terre réduite en grains, de terre vitrifiée, de terre transformée en morceaux de verre, et rarement de la terre intacte. Le rideau de plasma tombera bientôt, détruisant tout sur la scène. 

Les acteurs sont deux sur scène. Ce sont des marines en armure. L'un est à genoux, l'autre est à terre.

-Et merde … Tu vas pas me laisser ici, Edern, hein ?

La jeune femme à terre ne bougeait pas, son armure ne l'avait pas protégée des tirs de plasma d'une escouade de grognards, qui l'avaient laissés pour morte. Elle ouvrit juste les yeux et regarda celui qui se tenait à son chevet. L'homme la regarda pendant quelques secondes avant de de s'asseoir en tailleur. Derrière eux, le tumulte continue.

-Qu'est-ce qu'on viens foutre là, hein ? Commença-t-il. Qu'est-ce qui nous a pris ? 

Il marqua une pause.

-Tu te souviens de la vie qu'on avait avant ?

Edern hocha lentement la tête.

-Une enfance insouciante sur Gilgamesh. À courir les rues, à sympathiser avec les gangs de la capitale. Combien d'heures de cours séchées ensemble ? Intenables.

Pas étonnant qu'on soit devenus des voyous. Si je ne me trompe pas, on a fait partie de 5 gangs avant de quitter cette planète pourrie, poursuivis par les flics de toutes les villes du système.

Et Halcylon a été notre seconde maison. On s'est séparé au port, chacun pour soi, jusqu'à ce que tu réussisse à te trouver un job dans un garage. On ne sera pas resté séparé trop longtemps, finalement. Un an à tout casser. Puis cinq ans à se faire chier dans un mécano pourri. C'est là qu'on a vu les affiches de recrutement. L'idée, c'est toi qui l'a eue. Comme d'hab.

C'était de voir du pays qui nous avait fait choisir ça. On savait frapper, et ils étaient en manque de bras. On est entré de justesse, mais les faux CV ont bien marchés. Ça pour voir de l'espace on en a vu, trimballés de systèmes en systèmes pour tirer sur des aliens. Qu'est-ce qu'on s'est amusé. La seule fois où notre enfance à été utile, c'était là. Pendant que les autres perdaient la tête à cause du bruit des balles, nous on souriaient toujours comme si on s'était engagés la veille. Les gradés nous aimaient pas, on provoquait toujours les bagarres au mess, mais au final, on s'en est toujours sorti, que ce soit contre les xénos ou contre les gradés. 

Mais là, j'ai bien l'impression que c'est fini, Edern. Toute cette insouciance, terminé. Ça se termine là, cette vie de relâche. Si j'croyais en un Dieu, j'aurais prié, mais là, y'a plus rien à faire. Mais, je crois que c'est pareil pour toi, on n'a rien à regretter de toute cette existence.

-Au final, tout ce qui comptait, c'est qu'on soit ensemble...

Sur ce monologue, un rideau de poussière tomba, lourd et sale, sur les acteurs.

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Le jeune soldat parcourut le champ de bataille des yeux. Du haut de ses 2 mètres, le minor en armure bleue avait une vue dégagée sur les montagnes de cadavres humains qui gisaient sur la terre battue par les bottes et les explosions de ce qui était quelques heures plus tôt un champ de batailles.

Il enjamba un marines dont on voyait un morceau du cortex à travers son crâne pulvérisé et posa son regard sur un soldat dont le bras gauche avait été tranché au niveau de l'épaule. Il reconnut les terribles blessures infligées sur son visage par le plasma bouillonnant. C'était lui qui l'avait tué.

Le Sangheili fixa le visage figé dans une expression de terreur déformée encore quelques secondes et repris sa marche. Le paysage qui s'étendait devant lui le réconfortait : le Covenant écraserait les humains comme des insectes. Et il accompagnerait ses frères durant le Grand Voyage. 

Joyeux à cette pensée, il s'arrêta pourtant brusquement.

Devant lui, deux corps étaient enlacés. Un humain tenant une humaine dans ses bras. D'après les deux plaies dans leurs dos, ils avaient été transpercés par une épée à énergie. 

Cette vision ébranla le jeune guerrier. 

Autour de lui ne s'étendaient que mort, sang et haine. Durant toute sa marche, il n'avait vu que des membres sectionnés, des corps déchiquetés et des visages gravés à jamais d'une expression de terreur. Mais au cœur même de cet enfer de sang, avaient éclos de profonds sentiments.

Le Sangheili réfléchit. Les pensées se bousculaient dans sa tête. Une idée lui traversa l'esprit. Dangereuse, certainement prohibée.

Il jeta un œil aux alentours. Il était seul sur ces terres, les autres troupes se trouvaient au camp. Il prit sa décision et posa sa main sur sa poitrine.

Il entonna une prière sortie de son esprit, mélangeant les serments d'amour et d'honneur Sangheilis, ses deux cœurs battant la cadence de ses paroles.

Quelques minutes de soliloque plus tard, il termina sur ces paroles :

-Et que votre honneur et votre amour tiennent vos âmes pour l'éternité.

Son transmetteur émit un son court. Il était temps de rentrer au vaisseau. Il jeta un dernier regard aux cadavres et tourna les talons. Bientôt cette planète serait vitrifiée. Les corps et sa prière, qu'il regretta d'avoir prononcée quelque minutes plus tard, également.

Sans le savoir, Thel' Vadamee venait d'accomplir le premier pas qui lui permettrait d'emprunter un chemin unificateur.