DIVERS - Fan fiction
Le Guerrier de la Foi IV : La malédiction de Bracktanus
Introduction : L'honneur des sangheilis a reçut un dur coup. Non seulement Halo a été détruit par le Démon, et le commandant suprême Orna Fulsamee va devoir en subir les conséquences, mais deux nouvelles races viennent de rejoindre l'Alliance. Celle des Jiralhanae, une race de singes monstrueux et barbares, ambitionne déjà de prendre la place des meilleurs guerriers de l'Alliance, réclamant de ne pas être sous les ordres des sangheilis pour fonder leur propre faction militaire. Afin d'empêcher un conflit inutile, Irul demande à ce qu'un test soit soumis à la race des Jiralhanae, sous la forme d'un assaut contre une base d'hérétiques. Mené par un puissant combattant nommé Bracktanus, un contingent de ces animaux est alors envoyé sur place, et surveillé par un groupe de sangheilis d'élite dirigé par Irul lui-même. Malheureusement, le jeune guerrier est loin de se douter de la graviter des évènements...
CHAPITRE 1 : Le Jugement d'une Race
1528 unités de temps du 154eme jour de la neuvième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ salle du Conseil de Grande Bonté.
Il se dégageait de l’atmosphère de la salle du Grand Conseil une terrible tension. D’un côté de la pièce, la tribune des hiérarques semblait clame et détendue, mais de l’autre côté, celle des conseillers sangheilis était agitée comme un banc de classe à l’école militaire. Parmi eux, Irul se sentait fier, car il se trouvait au milieu des plus grands et des plus puissants guerriers de l’Alliance, et il savait qu’il l’avait largement mérité. Dans son armure de vétéran, avec son casque de cérémonie, il avait une allure imposante, et beaucoup des autres conseillers sangheilis avaient appri à le respecté depuis son arrivée au conseil, malgrè son jeune âge. Cependant, la situation présente ne lui laissait pas l’occasion de pouvoir profiter de cette honneur.
Soudain, les grands prophètes de la Pitié, de la Vérité et du Regret arrivèrent par leur ascenseur privé. C’était chose rare de les voir tous les trois ensembles, car ils étaient souvent conviés à superviser des opérations militaires aux quatre coins de l’univers afin de récupérer les divins artéfacts forerrunners. La réunion physique de ces êtres saints témoignait de l’énorme importance de cette assemblée.
- Frères hiérarques ! commença le prophète de la Vérité. Guerriers sangheilis ! Une nouvelle page de notre Histoire est sur le point de s’écrire.
Un grand silence envahit l’assistance, ce qui permit aux dizaines d’escortes présents d’exister au même rang que les autres pendant un court instant. Le prophète laissa ses mots en suspend pendant quelques secondes, puis continua :
- Voici trente-deux années que nous combattons les humains. Trente-deux années que nous leur reprenons les saintes reliques de nos maîtres et que nous détruisons leurs planètes les unes après les autres, tout en ridiculisant leurs flottes.
«Cependant, les évènements qui se sont déroulés ses derniers jours nous ont démontré que les humains s’obstinent toujours à nous refuser la transcendance du physique à n’importe quel prix, et à n’importe quel folie. Il y a d’abord eut notre assaut contre le monde qu’ils nommaient Reach, et qui nous a coûté beaucoup plus que prévu, qu’il s’agisse de vaisseaux ou de troupes. Puis cette catastrophe impardonnable qui a causé la perte de l’un des précieux anneaux sacrés. Le commandant Fulsamee comparaîtra d’ailleurs bientôt devant ce conseil, une fois qu’il aura accomplit sa prière de confession, afin d’assumer la responsabilité de cet échec.
Irul ne put s’empêcher d’émettre un intense sentiment de compassion envers le commandant Fulsamee. Il savait très bien que rien n’aurait put empêcher la destruction de Halo, que le Démon était totalement insaisissable et que la présence supplémentaire du Parasite n’avait laissé aucune chance à son armée, si puissante soit-elle. Le sort de ce grand sangheili était injuste. Mais il faut bien un coupable. Il va accomplir sa méditation au sein du temple de la Gloire pendant une semaine sans boire ni manger, puis il sera certainement exécuté de la façon la plus horrible qui soit. Quel immense gâchis ! Perdre ainsi un tel commandant qui a mené l’Alliance de victoire en victoires depuis plus d’un demi-siècle…
« Tout ceci constitue une énorme perte, continua Vérité, et qui risquerait de nous coûter la victoire contre les humains si jamais ils s’avéraient bien plus nombreux que prévus. Le prix de nos batailles deviennent de plus en plus élevés au fur et à mesure de l’avancé de notre sainte croisade, et ces méprisables créatures pourraient très bien nous avoir à l’usure.
« Mais les forerunners ont guidé nos visions, et nous ont permis de rencontrer un nouvel allié dans notre quête vers le Grand Voyage.
Vérité fit alors un signe de la main aux sangheilis escortes, et deux d’entre eux ouvrirent la grande porte de la salle du conseil. Apparurent alors une demi-douzaine d’énormes créatures simiesques, beaucoup plus grandes que des sangheilis, et presque autant que des Legkolos. Leur musculature impressionnante respirant la brutalité et la bestialité, alors que leurs yeux brillait d’une intelligence ne laissant place qu’à la cruauté la plus totale. Leur seule vue mit mal à l’aise chaque guerrier sangheili au plus profond de lui, et Irul put voir sur chaque visage fraternel se dessiner une moue d’horreur et de dégoût, chose qu’il ne leur reprocha pas un seul instant. Je n’ai aucune confiance en ces brutes. J’espère ne pas avoir à répondre d’un seul d’entre eux. Les sangheilis sont les commandeurs de l’Alliance, et ces créatures devront l’apprendre. Seule notre race possède la sagesse et la noblesse d’âme pour diriger l’armée sainte covenant, et je ne laisserais jamais aucune autre race le faire à notre place.
- Voici la race des jiralhanae, annonça Vérité, fier peuple combattant comptant plus de six milliards de guerriers, et qui a accepté de nous suivre dans notre quête sainte après m’avoir entendu prêcher les divines paroles héritées des forerunners. Ils amènent également une autre race, qu’ils nomment Yanmee. Ce sont des créatures insectoïdes volants, qui apporteront à nos troupes au sol un soutient aériens conséquent, mais dont la relative stupidité interdit de comparaître devant ce conseil sacré. « A partir de ce moment, la race des Jiralhanae constituera un corps de combat spécial qui ne sera envoyé que sur les plus importantes missions, et qui sera totalement indépendant de la chaîne de commandement militaire de l’Alliance. Quand aux Yanmee, ils seront placés sous les ordres des sangheilis au même titre que les autres races de l’Alliance.
A ces mots, ce fut comme si une bombe venait d’exploser au milieu de la tribune des sangheilis. Les exclamations partaient dans tous les sens comme autant de feuilles mortes inutiles portées par le vent de la discorde. De nombreux conseillers s’étaient levés de leurs places pour protester, mais le brouhaha empêchait de distinguer la moindre parole intelligible. Au milieu de tout ce chahut, Irul restait imperturbable, assis, considérant calmement la situation. Je dois faire parler mon honneur de sangheili, mais aussi écouter la sagesse que mes ancêtres m’ont enseignés. « La raison est la première victime de toute réaction violente », disait le grand tacticien Herbertumee.
Mais le chaos avait également gagné les rangs des hiérarques, qui affrontait oralement les conseillers, et ajoutait au désordre total qui régnait désormais. Mais le prophète de la Vérité ne l’entendait pas de cette oreille, et il lui suffit de lever la main vers le ciel de Grande Bonté pour obtenir le silence le plus profond en quelques secondes.
- Conseillers, fit-il. Ce n’est pas ainsi que vous devez participer à cette assemblée. Nommez un représentant qui parlera pour vous tous et évitons ainsi des affrontements inutiles.
Les divers conseillers sangheilis se regardèrent à tour de rôle, cherchant qui pourrait les représenter au mieux. Chacun d’eux connaissait les autres membres de l’assemblée aussi bien que les propres guerriers qu’il commandait, et il ne fallut pas longtemps pour que tous les regards s’immobilisent sur Irul, qui restait de glace. Ils misent tous leurs espoirs sur moi alors que je viens tout juste de devenir conseiller. Voilà une grande marque de confiance. J’espère pouvoir en être digne.
Irul se leva alors et prit une posture fière, droite, symbolisant sa détermination et celle de ses frères. Il ferma les yeux un instant pour méditer ses mots en respirant d’un calme camouflant la puissance inimaginable qui était en lui. Puis il s’adressa au grand prophète :
- Grand prophète de la Vérité. Je ne contesterai pas l’entrée dans l’Alliance de ces nouveaux alliés, car si vos seules paroles ont suffit à les convaincre de nous rejoindre, cela prouve le destin qui les relie à nous dans la réalisation des paroles divines. Mais ce que je conteste, et ce que mes frères de sang contestent tous, est la lourde responsabilité que vous attribuez à de nouvelles recrues. Nos tâches, si humbles soient-elles, sont liées à l’œuvre sacrée des forerunners, et peuvent déstabiliser ceux qui n’y sont pas préparée. L’expérience nous a souvent montré que le contacte avec les créations divines peut être dangereux, voir mortel. C’est pourquoi mes frères et moi demandons à ce que les jiralhanaes soient placés sous nos ordres directs, afin de pouvoir nous assurer de leur fiabilité.
- Remettez-vous en cause ma décision ? demanda Vérité.
- Excusez-moi, votre sainteté. Je ne faisais qu’émettre une opinion, ainsi que le souhait de mes frères. Nous avons toujours commandé les armées de l’Alliance depuis sa création. Permettez-moi alors d’émettre une requête.
Le visage du grand prophète, ainsi que ceux de ses deux confrères, se noirci quasi instantanément à ces mots. En voyant cela, l’assistance frémit, mais Irul resta de marbre. Il avait affronté déjà trop d’épreuves et renversé trop d’obstacles pour pouvoir se permettre la moindre faiblesse de sentiment. Ce courage adoucit légèrement l’humeur des prophètes, et Vérité répondit alors :
- Parlez.
- Votre sainteté, pour reconnaître la fiabilité de ces nouvelles troupes, il faut les mettre à l’épreuve. Je propose d’organiser une opération visant à tester les jiralhanae dans un combat d’importance, afin de voir jusqu’où porte leur efficacité.
Là-dessus, les trois grand prophètes conversèrent à voix basse, mais les yeux de Vérité étaient toujours rivé sur ceux d’Irul, qui le défiait du regard sans frémir. Apparemment, Pitié et Regret semblaient en accord avec Irul, et cela avait pour effet d’agacer Vérité qui balaya les conseils de ses confrères d’un revers de la main.
- Conseiller Irul. On m’a beaucoup parlé de vous et vos exploits, que ce soit sur Reach ou sur le regretté Halo disparut. Vous êtes presque devenu une légende vivante parmi ceux de votre race, et je comprends la décision du conseil de vous nommer son représentant, mais que cela ne vous donne pas l’impression de pouvoir contredire ma décision.
Irul bouillonna de colère à l’intérieur de lui, mais il réussit à contenir ses sentiments et à ne rien montrer d’autre qu’un masque de glace et la détermination sans égale dans ses yeux. Il était indigné. La voix des sangheilis ne sert plus ce conseil. Les hiérarques imposent leurs décisions et se moquent bien que nous soyons d’accord ou non. Pourtant c’est aussi sur nos épaules que repose le destin de l’Alliance. Jamais les prophètes ne seraient arrivés jusqu’ici sans nous, et ils doivent se le rappeler avant de contester notre parole.
- Toutefois, ajouta le grand prophète, il y a une part de vérité dans votre argumentation, et je sais parfaitement que l’Alliance est née de l’union entre nos deux races. Les sangheilis sont de fiers guerriers, dont la sagesse et le talent nous ont permis d’œuvrer pour le Grand Voyage. Sans vous et les vôtres, les divines paroles des forerunners seraient déjà tombées dans l’oublie depuis des siècles, et tous les hiérarques vous en sont reconnaissant.
Un lourd silence s’abattit soudain dans la salle alors que Vérité prenait le temps de dévisager Irul depuis son siège gravitationnel. L’air semblait s’être incroyablement raréfié, mais ni Vérité, ni Irul ne semblaient être affectés par la terrible tension qui s’exerçait.
- C’est pourquoi, continua le prophète, je vais accepter votre requête. Vous avez parlé d’objectifs sacrés, et nous en avons justement un pour vous : récemment, un important groupe d’hérétiques, principalement constitué par les survivants de la catastrophes de Halo, s’est formé sur la Lune d’Ishaar VI, au sein d’un ancien temple forerunner. Chaque jour ils corrompent d’autres loyaux serviteurs de l’Alliance, rongeant nos efforts de l’intérieur comme un cancer. Cette profanation ne peut pas être ignorée plus longtemps. « Un bataillon de jiralhanaes sera envoyé pour réprimer cette rébellion. Vous aurez la charge d’observer leurs actions, et si nécessaire de les appuyer avec la force de vos propres guerriers. Mais je doute que nous ayons à en arriver là. Je désignerai un hiérarque qui sera chargé de s’assurer de la conformité des opérations. Est-ce que cela vous convient ?
Irul ne laissa pas paraître son intense satisfaction filtrer à travers son masque de neutralité, et se contenta de répondre :
- Cela me convient parfaitement.
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CHAPITRE 2 : Test de Force
1149 unités de temps du 155ème jour de la neuvième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ croiseur de combat Hopefull Destructor, en orbite autour de la lune d’Ishaar VI.
C’était la première fois qu’Irul avait la responsabilité d’une opération de ce genre, ou de même cette ampleur. Il préférait nettement affronter des adversaires biens déterminés plutôt que combattre un ennemi intérieur qui comptait tant de ses frères sangheilis. Il faut certainement beaucoup de volonté pour tuer un frère de sang sans la moindre hésitation. Je n’ose imaginer l’endoctrinement de fer par lequel doivent passer les commandos sangheilis. Ils sont l’épée dans la main des prophètes, et cette épée ne doit pas trembler lors de l’exécution des profanes. J’espère n’avoir jamais à accomplir leurs basses besognes.
Et il n’y avait pas vraiment de raison que les sangheilis aient besoin d’intervenir. Les effectifs massifs de jiralhanaes mobilisés pour l’opération devraient largement suffire à mater la rébellion, quelle que soit son ampleur. Un millier de ces énormes ramassis de muscles et de brutalité sauvage attendaient impatiemment d'aller au combat, et Irul n'osait immaginer les atrocités qu'ils s'apprétaient à commettre. De nombreuses missions de purification ont nécessité nettement moins de sangheilis. Même la soumission des Legkolos s’est fait avec de moindres forces. C'est comme si les prophètes voulaient absolument qu'ils réussissent...
Irul observa un instant la flotte qui se mettait en position autour de la lune d’Ishaar VI à travers la baie de commandement. La force de purification était constituée des cinq croiseurs de combats et du destroyer-amiral, le Templier Inflexible, qui formaient la flotte personnelle d’Irul. Seul le destroyer transportait des troupes sangheilis, à peine une cinquantaine de guerriers, mais tous des vétérans endurcis en qui Irul comptait bien plus que le millier de jiralhanaes censés réussir la mission.
L’astre aurait été un véritable caillou sans importance s’il ne s’y trouvait pas une énorme structure forerrunner au sommet de la seule montagne de tout le planétoïde. Dans ses entrailles se trouvaient des machines qui devaient sommeiller depuis des centaines de millénaires et dont le but n’avait jamais été découvert jusque là. C’est également pour cette raison que le hiérarque de la Réminiscence se trouvait également sur ce destroyer en tant que superviseur et représentant des prophètes.
Irul se tourna alors vers l’un de ses lieutenants :
- Qu’une escadrille escortent les Séraphins pour un bombardement préliminaire sur les positions périphériques du temple. Eliminez les batteries de défense anti-aériennes en priorité et lancez le débarquement de la première vague trente secondes plus tard.
- Bien, commandant.
Les ordres furent transmis en quelques secondes, et rapidement un nombre impressionnant de chasseurs sortit des différents hangars à navette, suivit par une cinquantaine de bombardiers Séraphins. Les rares appareils ennemis qui survolaient le temple préférèrent fuir que d’affronter les innombrables banshees en approche. Le bombardement fut comme une tornade de plasma purifiant l’astre de la présence insultante des hérétiques
La première centaine de jiralhanaes débarqua en Phantom tout autour du temple, et leur nombre donna à Irul l'impression de voir se déployer des Ungoys. Les nouvelles recrues étaient équipées d’une variante du fusil à plasma que portaient les sangheilis, avec une cadence plus grande mais plus sensible à d’éventuelles surchauffes, ainsi qu’une arme de leur confection. C’était un énorme canon projetant des explosifs se déclenchant à l’impact, et équipé d’une lame aussi large que le bras de l’une de ces brutes. Cette arme symbolisait à elle seule tout ce qu’Irul voyait en eux : la barbarie et la sauvagerie la plus primitive. Jamais ils ne pourront égaliser le talent de mes propres frères guerriers. Il n’y a que leur nombre pour leur donner l’avantage dans cette bataille.
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CHAPITRE 3 : Les Graines de la Discorde
1209 unités de temps du 155ème jour de la neuvième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ destroyer-amiral Temlpier Inflexible, en orbite autour de la lune d’Ishaar VI.
- Escortes ! Laissez-moi !
La voix du hiérarque était sèche et autoritaire, et les sangheilis partirent sans hésiter. Une fois seul, le prophète mineur activa la communication holographique, et l’image en trois dimension de Vérité apparue. Le grand prophète ne portait pas sa tenue cérémonielle, ce qui lui donnait une allure presque aussi banale que celle de son confrère de la Réminiscence, mais tous deux savaient que l’apparence n’était rien.
- Comment se déroulent les opérations ? demanda Vérité.
- Les défenses extérieures ont été totalement balayées par nos troupes régulières. La moitié des jiralhanaes est déjà au sol et s’apprête à pénétrer dans le sanctuaire. Il ne reste plus qu’à espérer qu’ils ne rencontreront pas une trop forte résistance.
- L’espoir ne fait plus partie de nos options.
Vérité était devenu grave, son visage froid comme une tombe. Ses mots se firent encore plus lourd lorsqu’il s’expliqua :
- Bien que nous ayons tout fait pour que le destin aille dans ce sens, je doute beaucoup de la réussite des jiralhanaes. Mes prémonitions concernant l’hérésie qui se trame sur Ishaar VI me laisse penser que cette mission sera un échec. J’ai des visions de désastre et de désolation qui me reviennent en permanence, avec la très forte présence de ce commandant, Irul Sulamee.
Il se passa un long moment durant lequel les deux prophètes n’échangèrent aucun mot, et ne s’aperçurent presque pas du temps perdu. Ce fut Vérité qui brisa le silence le premier :
- Depuis que ce sangheili a rejoint le grand conseil, je n’ai pas eut un seul rêve où il n’est pas apparut. Les dieux doivent tenter de me dire quelque chose, mais…
- Mais quoi ? C’est un mauvais présage ?
- J’ignore même si c’est un bon ou un mauvais présage. Son destin est très fortement lié à celui de l’Alliance, et il pourrait autant être celui qui nous mènera vers le Grand Voyage que celui qui nous plongera dans les ténèbres. C’est pourquoi j’ai besoin de vous pour surveiller ce commandant. Il est très populaire parmi les conseillers sangheilis, et la moindre de ses actions peut nous être fatale. De plus, son passé récent sur la terre sainte l’a totalement transformé, et il est presque devenu la représentation des dieux parmi les sangheilis. Nous devons nous méfier de lui.
Le hiérarque savait que Vérité ne mâchait jamais ses mots, et ceux-ci lui faisaient extrêmement peur. Savoir que le sort de l’Alliance dépendait d’un sangheili, si puissant soit-il, l’effrayait. Ces guerriers les servaient depuis des siècles, et il ne pouvait imaginer qu’ils puisse un jour causer leur perte, mais les songes d’un grand prophète tel que Vérité n’étaient pas une chose à prendre à la légère.
- Avez-vous des ordres particuliers concernant les combattants jiralhanaes ? demanda le hiérarque.
- Non. Qu’ils fassent leurs preuves ou échouent, cela importe peu. Les graines de la discordes sont déjà semées, et nous arriverons inévitablement là où nous le souhaitons. Veillez seulement à ce que le commandant Sulamee survive à cette mission.
- Votre sainteté, le commandant Sulamee ne devra risquer sa vie que si lui et ses sangheilis sont forcé d’aider les jiralhanaes. N’avez-vous pas confiance en nos nouvelles recrues ?
Il fallut beaucoup de patience au hiérarque de la Réminiscence pour ne pas réitérer sa question avant la réponse du prophète, qui fut d’une froideur terrifiante avant que son image ne disparaisse :
- Si, mais tout peut arriver. Tenez-moi au courrant de la suite des opérations.
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CHAPITRE 4 : Bracktanus
1216 unités de temps du 155ème jour de la neuvième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ Secteur Alpha-31 de la lune d’Ishaar VI.
La navette de transport personnelle d’Irul et de son escouade de commandement fit deux fois le tour de la structure forerrunner pour en étudier l'architecture. Bien qu'il ne s'agissait que de la partie émergée de l'iceberg, cette section était tout simplement magnifique. Constituée d'une pyramide en étage coupée en deux pour former un passage d'une dizaine de mètres de large, au centre duquel se trouvait un énorme ascenseur. La matière qui le constituait avait un reflet gris métallique sous la lumière du soleil lointain, ce qui contrastait avec la couleur jaunâtre du désert qui l'entourait.
Puis la navette se posa à quelques centaines de mètres de la structure, où le débarquement avait déjà commencé. Les sangheilis étaient placés en retrait derrière les lignes jiralhanaes, et Irul se dirigea droit vers la brute immense qui était en charge des opérations, du moins tant que tout se passait bien.
C’était un spécimen qui se distinguait des autres par de nombreux points. Tout d’abord par sa taille tout simplement gigantesque, pouvant certainement égaler celle d'un Legkolo, et ensuite par sa musculature nettement supérieur à celle de ses paires. Enfin, la couleur de sa pilosité était d’un blanc grisâtre, contrairement aux autres jiralhanaes qui étaient d'un brun très sombre. Ses yeux semblaient avoir été forgé dans de l’acier, et il maniait un immense marteau aussi grand que lui, se terminant par une masse de la taille d’une cellule énergétique de chasseur banshee. Tout en lui respirait la sauvagerie instinctive, et cela mettait Irul mal à l’aise. Malgré le dégout que la créature provoquait en lui, le commandant n’exprima pas la moindre émotion dans sa voix :
- Lieutenant Bracktanus. Où en sommes-nous ?
- Mes troupes sont prêtes pour l’assaut. Nous allons les balayer.
La voix du jiralhanae était roque mais vulgaire. Irul sentait bien que la créature n’avait aucune intention de lui rendre des comptes. Il ne semble pas avoir l'intention de m'appeler par mon grade. De toute façon, ils ne sont pas sous mes ordres, ou du moins pas pour l’instant. Et si jamais ils échouent, je leur montrerais de quoi sont fait les vrais guerriers.
- Alors continuez, fit simplement Irul. Vous êtes totalement libres de décider de la manière à employer. Bonne chance, lieutenant.
- Je n’ai que faire de votre chance. Cela vous a peut-être permis de gagner la plupart de vos batailles, mais nous les jiralhanaes, ne comptons que sur nous-même. Maintenant, je vais vous montrer comment il faut se battre.
L’arrogance n’aurait pas put être plus forte. Mais Irul ne se sentait aucunement vexé par la brute, car il savait où se trouvait la véritable force. Les sangheilis sont des tacticiens de combat. Chacun d’entre eux doit savoir comment gérer une escouade avant d’apprendre à se battre, même s’il ne doit jamais monter en grade. Ainsi, chaque guerrier est connecté à ses coéquipiers par son apprentissage. Leur foi guide chacun de leurs actes et rien ne peut contrer leur détermination. Nous sommes la parfaite symbiose entre l’esprit stratégique et le talent de combattant, qu’aucune autre race ne peut obtenir. Ces jiralhanaes se croient forts, et ils ont certainement raison de penser ainsi, mais leur brutalité les perdra. J’ai hâte de voir combien de ces viles bêtes mourront aujourd’hui.
Et la charge des jiralhanaes ne put que le réconforter dans ses espoirs de massacre : Bracktanus se contenta de hurler un cri de guerre, et ses troupes foncèrent comme des animaux décervelés assoiffés de sang vers le sanctuaire. Le sol trembla sous leurs pas alors qu’il gravissaient la montagne vers l’entrée du temple, au niveau de laquelle s’était rassemblé un petit groupe de combat ennemi.
Irul ne put s’empêcher de demander des jumelles à l’un de ses vétérans, et celui-ci les lui tendit immédiatement. Il observa alors les hérétiques placés à l’entrée. C’était un petit groupe de sangheilis commandant une trentaine d’ungoys. Pourquoi n’ont-ils pas mis plus de troupes là ? C’est du suicide ! A moins qu’ils n’aient des atouts cachés…
Comme en réponse à la pensée du commandant, les ungoys sortirent de derrière leurs barricades grossièrement érigées des canons à combustion. Chacun d’entre eux en prit un, et les élites activèrent des épées à plasma tandis que l'ascenseur apporta quatre tourelles shade et trois couples de legkolos. Des dizaines de décharges explosifs ravagèrent la vague des jiralhanaes, et les innombrables tirs plasmatiques lapidèrent leurs rangs. Il ne fallut pas longtemps pour voir plus de corps que de cailloux sur le sol désertique de la montagne. C'est étrange : cette tactique de combat m’est familière.
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CHAPITRE 5 : Rage contre Ruse
1222 unités de temps du 155ème jour de la neuvième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ Secteur Alpha-31 de la lune d’Ishaar VI.
Le corps du dernier sangheili hérétique du premier groupe de défense tomba finalement sur le sol devant la porte du sanctuaire. Les jiralhanae avaient finalement remporté leur premier combat. Mais à quel prix !
En effet, sur les trois cent combattants aillant chargé le petit groupe de défense ennemi, seul un peu moins de quatre-vingt d’entre eux survécurent, et Irul maudit que le lieutenant Bracktanus soit de ces derniers. Mais les hérétiques avaient en fait triomphé moralement, se sacrifiant pour massacrer plusieurs fois leur nombre. C’était leur ruse qui leur avait donné cette victoire, une chose dont les jiralhanaes ne semblaient pas posséder le moindre atome.
Irul eut de la peine pour ces braves guerriers qui, même s’ils étaient des hérétiques, ne méritaient pas que les brutes s’acharnent sur leurs cadavres. C’était indigne de leur mémoire. Mais je dois supposer qu’à partir du moment où un membre de l’Alliance est considéré hérétique, on ne le voit plus comme une âme méritant la moindre pitié. Comment peut-on avoir la cruauté nécessaire pour banire ainsi une personne jusqu’à ne plus même lui accordé une âme ? J’espère qu’après cette honteuses défaite, le hiérarque de la Réminiscence m’accordera le privilège de reprendre la tête des opérations.
C’est alors qu’un vétéran sangheili arriva vers Irul, portant à la main une petite sphère métallique : un holodrone.
- Commandant. Voici votre communication avec le hiérarque.
Il lâcha la sphère qui vola automatiquement à trente centimètres au-dessus du sol pour afficher un hologramme de Réminiscence. A en jugé par sa posture, il devait être assis dans le siège de commandement du destroyer d’Irul. J’ai horreur que les hiérarques se permettent ce genre de privilèges avec moi. J’espère pouvoir un jour lui faire payer ce manque de respect...
- Saint hiérarque, dit-il avec un respect de circonstance. Le premier assaut contre le temple à causé d’énormes pertes dans les rangs des jiralhanaes. Les effectifs de la première vagues sont désormais insuffisants pour continuer l'assaut. Quels sont les ordres ?
- Envoyez la deuxième vague et laissez les jiralhanaes progresser seuls dans la structure. Nous avons besoin de plus de données concernant leurs compétences. Vous et vos guerriers devrez rester à l’extérieur du temple.
- A vos ordres, votre sainteté.
Irul se sentait profondément offensé par la décision du hiérarque, mais il n’avait pas encore l’autorisation de prendre la tête des opérations.
Il devait certainement rester de nombreux autres hérétiques à l’intérieur de la structure en train d’organiser une défense adaptée à la situation, et Irul savait parfaitement comment un stratège sangheili s’y prendrait dans ce cas : contre un ennemi supérieur en nombre, il faut former de nombreuses poches de résistances pour canaliser ses effectifs avec la moitié de ses propres troupes, tandis que l’autre moitié effectue des actions de guérilla meurtrière pour l’harceler. Cela désorganiserait l’adversaire et le démoraliserait considérablement, quitte à se sacrifier pour la cause. Et je sais bien que mes frères aiment les fins glorieuses.
Le commandant sangheili se refusa à aller railler Bracktanus, qui rageait déjà suffisamment devant la perte de tant de ses semblables. Et tandis que la deuxième vague de débarquement jiralhanae arrivait en renfort, Irul se prit à contempler l’étendue du massacre causé par les hérétiques. Vraiment du beau travail de sangheili.
- Rotumee ! fit-il. Ordonnez à notre premier groupe de combat de se tenir prêt à intervenir. Je sens qu’il nous faudra bientôt montrer à ces brutes stupides comment se battent les vrais guerriers de l’Alliance.
- Avec plaisir commandant, répliqua le vétéran en claquant des mandibules pour exprimer son excitation.
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CHAPITRE 6 : Montrez-leur l'Exemple
1254 unités de temps du 155ème jour de la neuvième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ sanctuaire forerunner de la lune d’Ishaar VI.
La progression des jiralhanaes s’effectuait depuis plus d'une heure à un rythme atrocement long. Il était incroyablement facile de retracer leur chemin parcouru, simplement en suivant les cadavres qu’ils avaient laissé derrière eux. Malheureusement, ces corps n’étaient pas souvent des hérétiques, ces derniers ayant préparé de nombreux pièges et attaques-surprises destructrices. De nombreux petits groupes commandos se jetaient sur les brutes après leur avoir jeté toutes les grenades qu’ils portaient, se souciant plus de la mort de leurs ennemis que de leur propre perte.
Et du côté des jiralhanaes, les pertes étaient énormes. Ils n’avaient pas encore exploré la moitié de la structure qu’ils n’étaient plus qu’une cinquantaine, et le prophète de la Réminiscence en vint finalement à demander une communication avec le commandant Irul. Un lieutenant sangheili lui apporta l’holodrone et il put ainsi voir l’image sombre du hiérarque qui se contenta de lui annoncer :
- Nous avons recueilli suffisamment de données. Prenez la têtes des opérations et purifier cette hérésie de la manière qui vous semblera la meilleure, commandant.
Un sourire malicieux apparut sur le visage d’Irul alors qu’il coupait la liaison. Se retournant vers l’un de ses lieutenants, il lui fit un simple signe de tête et celui-ci contacta le chef des jiralhanaes par radio :
- Lieutenant Bracktanus ! Le saint prophète de la Réminiscence nous a redonné le contrôle total des opérations. Le commandant Irul Sulamee vous ordonne de battre en retraite jusqu’au sixième sous-sol de la structure et d’y rester avec vos troupes jusqu’à la fin de la mission. Terminé.
Le lieutenant coupa sa radio avant que le jiralhanae ne puisse protester, et renvoya à Irul un signe de tête approbateur. Maintenant, le moment est venu de montrer à ces brutes l’art de la guerre, et le talent de la race sangheili.
- A tous les sangheilis ! Rejoignez le septième sous-sol du sanctuaire ! Unités furtives à l’avant, les vétérans en première ligne de front, et les soldats en soutient à l’arrière. En avant !
Les effectifs sangheilis étaient loin d’être aussi impressionnants que ceux des jiralhanaes lorsqu’ils avaient été déployés, mais ils étaient certains de leur réussite, et ils s’enfoncèrent dans les ténèbres du temple sans aucune peur. Les commandos furtifs repéraient les embuscades ennemies et transmettaient leurs positions pour que les vétérans contournent ces pièges et les prennent à revers.
Au milieu de ces guerriers d’élite, Irul ressentait chaque présence, chaque respiration, chaque battement de cœur, ami ou ennemi, et anticipait chaque attaque, chaque mouvement de ses adversaires, pour massacrer sans retenu ces hérétiques. Plusieurs dizaines de sangheilis renégats tombèrent sous sa lame meurtrière, même si à chaque fois une profond sentiment de regret l’envahissait. Il avait une mission ordonnée par la sainte autorité des prophètes, et l’honneur de sa race était en jeu. Je ne laisserai jamais ces brutes de jiralhanaes devenir nos égaux. Ils seront nos subordonnés ou ils seront nos victimes.
Au fur et à mesure que les troupes d’Irul avançaient, la résistance ennemie se faisait de plus en plus faible. Toutes leurs forces semblaient s’être dispersées en groupes de commandos à travers les profondeurs du temple. Mais soudain, alors que les vétérans arrivaient au dixième sous-sol de la structure, ils furent frappés de paralysie à la vision de ce qui s’y trouvait.
Il devait y avoir là au moins une centaine de sangheilis renégats qui les attendaient tranquillement dans l’immense salle qui constituait tout le dixième et dernier sous-sol. Mais ce n’était pas cela qui les impressionnait autant, car les vétérans ne craignaient aucun ennemi. Les murs de la salle, qui mesurait au moins deux kilomètres carrés, étaient couvert de générateurs à plasma et de réserves énergétiques, rassemblant une puissance suffisante pour alimenter les armements d’une flotte d’une centaine de vaisseaux. Au milieu se dressait un assemblage forerunner massif aux formes caractéristiques de l’œuvre des dieux, avec en son centre un énorme puit cylindrique sans fin. Voici donc le centre de ce sanctuaire. Mais quel peut être l’objectif de cet pièce ? Cela fait plusieurs années que l’Alliance a découvert ce temple et pourtant les prophètes n’ont jamais put découvrir à quoi il servait. Ces hérétiques auraient-ils un plan utilisant cette structure ?
C’est alors qu’Irul ressentit quelque chose de familier au milieu de ces présences ennemies, un ensemble de signes vitaux qui éveillaient en lui le sentiment de lui être connus. Non. C’est impossible. Il ne peut pas Lui avoir survécu. Pourtant tout me dit que c’est bien…
- Capitaine Filsunee ! hurla Irul. Montrez-vous !
Un grand sangheili en armure de vétéran émergea alors au milieu de la masse de ses semblables pour s’avancer lentement vers Irul. Son armure était couverte d’éraflure, d’impacts de balles, et certaines plaques de protection était même fissurées, voir complètement broyées. Sa poitrine avait été perforée par un tir humain, mais malgré la gravité de cette blessure il tenait toujours debout. C’est vraiment un combattant de grand mérite. Il a réussit à survivre au Démon. Peut-être même l’a-t-il tué ?
- Commandant Irul Sulammee, fit Arko. Ainsi, c’est vous que les prophètes ont envoyé pour nous éliminer ?
- Vous vous êtes détourné du chemin de l’Alliance. Pourquoi ? Vous qui êtes l’un des guerriers saints bénis par les prophètes, pourquoi leur avez-vous tourné le dos ainsi ?
- Parce que les hiérarques nous ont trahi.
- Quoi ?!
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CHAPITRE 7 : Devoir et Trahison
1348 unités de temps du 155ème jour de la neuvième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ sanctuaire forerunner de la lune d’Ishaar VI.
Malgré le premier précepte sangheili qui interdit l’expression de la colère, Irul n’avait put retenir ce sentiment d’irritation profonde qu’avaient provoqué les mots du capitaine Arko. Refuser le rôle de guide des prophètes était un crime terrible, passible de la torture éternelle dans les chambres de douleur. Irul savait que les paroles du commandeur Orna Fulsamee l'avait perturbé, mais il ne pensait pas que cela aurait put aller aussi loin. Malgré cela, le jeune vétéran savait qu'il fallait bien plus pour créer un tel changement dans l'esprit d'Arko, et il lui demanda alors calmement :
- Expliquez-vous, « capitaine ».
- Ouvrez les yeux, frère. Cette nouvelle race qu’on vous a chargé d’évaluer pourrait obtenir les mêmes faveurs que nos guerriers de la part des prophètes, faisant d’eux nos égaux et brisant les fondements même de l’Alliance. Ces fondements qui se basent sur des mensonges. Les paroles des hiérarques ne sont que de la poudre aux yeux pour nous faire croire que nous tendons vers une liberté totale de l'esprit. Mais si tout cela était vrai, jamais les dieux n’auraient permis la destruction de l’un des anneaux sacrés.
- Et le Démon ?
- Il n’est pas ce que l’on raconte, et vous êtes le premier à le savoir. Je l’ai combattu et blessé de ma lame. Nos forces était égales, et s’il n’avait pas été aidé par d’autres humains normaux, je l’aurait certainement tué. Il a eut énormément de chance, chose qui semble constituer sa principale force.
Irul était atterré. C’est moi qui aurait dû rester sur le croiseur. J’aurais certainement put le tuer, tout comme j’ai tué les autres de son espèce. Pourquoi ai-je accepté que ce soit Filsunee qui se charge de lui ? J’étais nettement mieux placé pour ce genre d’affrontement. Après tout, en quoi ce Démon serait-il plus dangereux que les autres que j’ai massacré de mes propres mains ? Mais Filsunee a beau avoir échoué, il n’en reste pas moins un sangheili, l’un des meilleurs, et je lui dois beaucoup de ce que je suis devenu.
- Capitaine, fit Irul. Je tiens à ce que vous sachiez que je ne fais pas cela par plaisir, ni par conviction. Je le fais pour maintenir l’honneur de la race des sangheilis face aux nouveaux membres de l’Alliance.
Le jeune commandant prit alors une forte inspiration, puis ordonna dans un murmure :
- Soldats. Abattez ces traîtres.
Les vétérans loyalistes se ruèrent alors sur leurs frères ennemis, l’épée à la main. Le capitaine Arko ne broncha même pas lorsque trois guerriers le tranchèrent au passage avant d’engager les soldats renégats. Le carnage était totale, les troupes de base n’étant en aucune façon capables de rivaliser avec les meilleurs combattants de l’Alliance, quel que soit leur nombre. Chaque seconde voyait plusieurs âmes sangheilis quitter leurs enveloppes charnelles en même temps que ce monde absurde où le frère affronte le frère.
De son côté, Irul ne bougeait pas non plus, ne pouvant pas détourner les yeux du corps du capitaine Filsunee étendu à ses pieds. Il n’était plus capable d’effectuer le moindre geste alors qu’il ressentait toute la violence de la bataille. Il percevait chaque disparition de vie au rythme des lames plasma tranchant la chaire, et pouvait retracer dans son esprit la trajectoire des nombreux tirs de snipers que faisaient pleuvoir les commandos furtifs postés loin en retrait. Chaque tir tuait un semblable, chaque coup de lame détruisait un frère. Au nom de quoi ? Pourquoi faisons-nous cela ? Où est l’honneur à meurtrire sa race ? Où est la gloire à assassiner une partie de soit-même ? Nous nous sommes rabaissé à la sauvagerie de ces brutes qui nous accompagnent désormais, simplement pour leur montrer que nous sommes meilleurs qu’eux. Simplement pour conserver notre place auprès des prophètes. Une telle cause mérite-t-elle réellement la mort de tant de sangheilis ?
Lorsque la bataille fut terminée, Irul consentit à lever le regard vers ses soldats. Leurs armures étaient couverte de sang sangheili que leurs épées de plasma illuminaient d’une lumière qui voulait paraître pure. Le commandant voyait bien dans leurs yeux qu’ils n’étaient pas fier de cet acte. Mais telle était la volonté des prophètes, et notre rôle est de leur obéir.
- Lieutenant Sandaymee ! fit Irul. Contactez les jiralhanaes et faites-les venir ici. Nous avons à parler.
- Bien, commandant.
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CHAPITRE 8 : Les Vrais Traîtres
1359 unités de temps du 155ème jour de la neuvième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ sanctuaire forerunner de la lune d’Ishaar VI.
Irul pouvait ressentir le sentiment d’impuissance que les cinquante jiralhanaes restant tentaient de cacher alors qu’ils observaient l’étendue du carnage. Les effectifs des sangheilis loyalistes n’avaient été amputés que de quelques rares combattants, la plupart n’étant que blessés, ce qui enfonçait encore le clou de la victoire pour les favoris des prophètes. Au milieu des brutes, Bracktanus serrait avec rage la hampe de son énorme marteau tandis qu’il défiait Irul du regard.
- La démonstration est terminée, lieutenant, fit le sangheili. Nous allons maintenant remonter à la surface pour faire notre rapport au hiérarque de la Réminiscence. Que vos soldats ne s’attardent pas en ce lieu saint.
Les guerriers sangheilis se dirigèrent alors vers la sortie de la salle, ne prêtant plus aucune attention aux jiralhanaes auxquels ils avaient prouvé leur supériorité. Les vétérans rangèrent leurs épées et les commandos désactivèrent leurs camouflages, leurs esprits quittant le monde de la guerre pour retrouver leur quiétude habituelle. Irul partit en tête, car il avait plus que tout autre envie de quitter cet endroit. L’odeur du sang de ses frères lui donnait la nausée tout en infiltrant en lui une intense culpabilité.
Soudain alors qu’il marchait, Irul ne ressentit plus la présence de l’un de ses vétérans. Tient… mes sens serraient-ils en train de faiblir pour revenir à la normale ? Non… je ressent encore beaucoup trop de mouvements.
En à peine deux secondes, ce fut la moitié des vétérans qui cessèrent d’émettre dans son esprit, leur présence disparaissant totalement tandis qu’Irul percevait de plus en plus de mouvements derrière lui. Des mouvements rapides… des jiralhanaes. Il se retourna et s’aperçut que ces sauvages avaient déjà assassiné lâchement bon nombre de ses meilleurs sangheilis. Avec une fureur qui paralysa momentanément les nouveau ennemis, il hurla :
- Trahison ! Défendez-vous, mes frères !
Mais il était déjà trop tard pour bon nombres des combattants d’Irul, qui furent mis en pièce par les énormes lames qui équipaient les armes des jiralhanaes. Il ne resta bientôt plus qu’Irul et cinq derniers vétérans face à la cinquantaine de traîtres. Mais le nombre n’était jamais considéré comme un rempart pour pareils guerriers, et ils se ruèrent à l’assaut des brutes, tranchant sans retenue de leurs épées de plasma.
Malgré l’écrasante différence de force, les sangheilis se battirent avec courage et talent pour défendre l’honneur de leur race. Des dizaines de jiralhanaes moururent sous leurs coups, répandant leur sang aussi noir que l’ébène, mais non sans emporter avec eux les vétérans d’Irul. Celui-ci se retrouva rapidement seul face à une vingtaine d’adversaires, dont Bracktanus. Je dois changer de tactique. Même avec mes sens hyper-développés, je ne pourrait pas esquiver tant d’attaques. Il me faut un repli.
Irul fit alors un tour complet avec son épée pour faire reculer ses adversaire et tuer ceux qui refusaient, puis il mit toute sa force dans un saut périlleux arrière qui lui permit de passer par-dessus les jiralhanaes derrière lui. Alors qu’il était encore dans les airs, il activa deux grenades à plasma et les colla sur les têtes de deux brutes, avant d’atterrir loin en retrait. Profitant de la pagaille occasionnée par l’explosion des grenades, Irul recula le plus possible pour se donner un peu de champ. Il n’y en a plus qu’une douzaine. Si j’utilise correctement le terrain, je peux me charger des jiralhanaes de base. Mais je doute que Bracktanus soit aussi simple à éliminer.
Tout en ne perdant pas de vue ses assaillants, Irul observa son environnement. Il se trouvait à environ quinze mètres du centre de la salle où se trouvait le dispositif forerunner, avec les jiralhanaes à sept mètres devant lui. Tout autour du dispositif central étaient disposés des passerelles et des murs incomplets caractéristiques de la mystérieuse architecture des dieux, le tout formant des cercles concentriques. Irul décida alors de prendre de la hauteur et sauta sur le premier mur qui se trouvait derrière lui.
- Inutile d’essayer de t’enfuir, hurla Bracktanus. Soldats ! Feu !
Les jiralhanaes pointèrent soudain leurs armes lance-grenades sur leur dernier ennemi et tirèrent toute la puissance dont ils disposaient. Mais c’était trop mal connaître le commandant Irul Sulamee. Il ne fallut à celui-ci que quelques fragments de secondes pour calculer la trajectoire de chaque tir et trouver un espace d’esquive pour chaque salve. Les projectiles explosifs ne firent que l’effleurer, et ses adversaires se retrouvèrent aussitôt à court de munition. Le commandant sangheili esquissa alors un sourire en coin de ses mandibules droites avant de porter sa main à la ceinture, pour activer une deuxième épée à plasma.
- Je n’ai aucune intention de m’enfuir, bande de sauvages ! cria-t-il plus furieux que jamais. Vous avez osé tuer mes frères, et je ne quitterai pas cet endroit avant de vous avoir fait payer cet acte de vos vies !
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CHAPITRE 9 : Catastrophe
1406 unités de temps du 155ème jour de la neuvième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ sanctuaire forerunner de la lune d’Ishaar VI.
Irul canalisa sa haine au niveau de ses muscles pour la transformer en force, et clarifier son esprit. Il ne voulait pas que son désir de vengeance l’aveugle au point de faire une erreur. Une fois qu’il eut réfléchi suffisamment à un plan d’attaque, il sauta en direction des jiralhanaes, ses deux lames en avant. Quatre brutes avancèrent pour le réceptionner, mais il les balaya d’un double mouliné croisé, projetant leurs corps sur plusieurs mètres dans autant de traînées de sang.
- Vous vous croyez vraiment de taille contre moi ? fit-il. Vous n’êtes que des animaux sans aucun savoir du combat. Peu importe votre force. Peu importe votre nombre. Vous n’égalerez jamais la race des sangheilis.
A ces mots, le reste des jiralhanaes jeta ses armes et se rua vers Irul, sauf Bracktanus qui resta en retrait. Les brutes se mirent à quatre patte pour courir, et leur vitesse tripla subitement. Ils sont rapides… mais pas assez.
Dans un enchaînement de mouvements acrobatiques, Irul esquiva les charges sauvages, tranchant habilement ceux qui passaient à ses côtés. L’un d’eux sauta dans les airs, croyant avoir une ouverture dans le dos du guerrier, mais celui-ci saisit le bras qui allait le frapper et utilisa l’élan de son adversaire pour le faire s’écraser sur le sol avec une violence inouïe. Il ne fallut pas longtemps pour qu’il ne reste plus que Irul et Bracktanus. Pourquoi garde-t-il cet air confiant ? Qu’est-ce qui lui donne cette assurance ?
- Vos soldats sont tous morts, traître. Vas-tu enfin décider de m’affronter ?
- Si tu tiens tant que cela à mourir, répliqua la brute, tu vas être exaucé.
Irul se rua alors vers son dernier adversaire, ses lames prêtes à refaire couler le sang jiralhanae. Lorsqu’il ne fut plus qu’à trois mètres de lui, il bondit tel un fauve en hurla :
- C’est fini pour toi !
Et il abattit ses épées vers Bracktanus, qui tenta de se protéger derrière le manche de son marteau. Inutile. Rien ne peut résister à mes lames de plasma. Je vais te découper comme je l’ai fais pour tes subordonnés, et je jetterai ton corps en pâture au Kig-Yar en gardant ta tête pour le Grand Conseil.
Mais les armes d’Irul furent stoppé par celle de la brute, qui était désormais entouré d’une aura blanche que le sangheili connaissait bien. Impossible. C’est l’un des trois Varliors, les ultimes boucliers de protections que nous ont laissé les dieux. Les prophètes n’ont jamais permis leur utilisation, et même un arbiteur ne peux réquisitionner cet équipement. Comment ce sauvage a-t-il put en recevoir un ?
Irul se rappela ses cours à l’académie de Grande Bonté. Les Varliors faisaient partie des reliques les plus saintes de l’Alliance, entreposées dans le sanctuaire intérieur des hauts hiérarques. D’après les archives, ils avaient été trouvés par les prophètes sur leur planète natale, et personne d’autre qu’eux ne les avaient jamais vu. Ils créaient un champ de répulsion énergétique cinq fois plus puissant que ceux des vétérans sangheilis, pouvant même repousser une épée plasma. Comment passer à travers ça ?
- Crois-tu toujours pouvoir me tuer ? fit Bracktanus d’une voix moqueur.
- Tu n'a aucune idée de ce que j’ai affronté.
Sur ces mots, Irul donna un violent coup de pied dans l’estomac du jiralhanae qui fut projeté au loin, glissant sur le sol de la salle jusqu’au dispositif central. Mais malgré la force de ce coup, Bracktanus tenait toujours fermement son marteau. Prenant appui sur ce qui semblait être un écran de contrôle, il lança d’un air rageur :
- Vous les sangheilis, vous vous trouvez si supérieurs, simplement parce que vous avez été les premiers à rencontrer les prophètes. Mais aujourd’hui, cela va changer.
- Rien ne changera. Les évènements ont prouvé que vous n’étiez pas dignes de devenir autre chose que nos subordonnés. Cela m’aurait fait plaisir de voir votre race devenir encore plus inférieure que celle des Ungoys, mais votre trahison m’oblige à bannir votre espèce de l’Alliance.
Un sourire maléfique apparut soudain sur le visage de Bracktanus.
- Et comment comptez-vous faire cela ?
- Mes vétérans et commandos sangheilis étaient tous équipés de micro-caméra qui envoyaient en continue toutes les données de cette mission. La flotte sait tout ce qui s’est passé ici, et le hiérarque de la Réminiscence fera ce qu’il faut pour que le Conseil accepte ma demande.
- Non ! cria Bracktanus en frappant rageusement le dispositif central de son marteau. Jamais !
Brusquement, le temple se mit à trembler. Au début, ce n’était qu’un léger frémissement, mais qui s’amplifia de plus en plus. Les passerelles se mirent à bouger, tandis que les murs changeaient de position, et les cellules énergétiques de la salle devenaient de plus en plus lumineuses, presque aveuglantes. Les deux combattants perdirent rapidement leur équilibre et tombèrent à la renverse lorsqu’un énorme rayon bleu surgit du puits central pour se diriger vers la surface. Tous les niveaux du temple étaient connecté par cet immense puits qui aboutissait sur le toit par le centre de la pyramide fendue.
- Par les forerunners ! hurla Irul. Que se passe-t-il ?
Le sangheili observa le rayon et s’aperçut que la surface du puit chauffait à son contact. Oh non ! C’est du plasma ! Et il se dirige en plein vers la flotte !
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CHAPITRE 10 : La Force des Vrais Guerriers
1411 unités de temps du 155ème jour de la neuvième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ sanctuaire forerunner de la lune d’Ishaar VI.
Irul se précipita de brancher sa liaison radio pour contacter la flotte :
- A tous les vaisseaux ! Quittez le système au plus vite !
- Que se passe-t-il, commandant ? demanda l’un de ses lieutenants-pilotes.
- Une énorme quantité de plasma en provenance du sanctuaire se dirige vers vous ! Partez immédiatement !
- Par les anneaux, c’est vrai ! Machinerie ! Tirez-nous de l…
Des parasites envahirent la liaison. J’espère que c’est juste une perturbation dû au tir. Ainsi, c’est à cela que servait ce temple… une arme défensive. Et Bracktanus… comment savait-il le moyen de l’activer ? Car il a bien fait cela dans le but de détruire la flotte.
- Votre trahison dépasse les limites du possible. Oser utiliser l’œuvre sainte des forerunners pour tirer sur la flotte de l’Alliance… comment connaissiez-vous le fonctionnement de cette arme ?
- J’en ait été informé par les prophètes.
Les yeux d’Irul se figèrent brusquement à ces paroles, son regard quittant la réalité physique pour se perdre dans un univers de désespoir profond qui le laissait désarmé. Co… comment ?… Pourquoi ? Les prophètes nous avaient affirmés qu’ils ignoraient totalement la raison de cet endroit… et ils l’auraient dit à ces brutes ?… C’est impossible !
- Avant notre départ de Grande Bonté, continua Bracktanus, les prophètes m’ont expliqué que ce temple était une expérimentation des forerunners. Ils cherchaient à fabriquer une arme d’une terrible puissante pour combattre un puissant ennemi. Mais malgré toutes leurs recherches, les hiérarques n’ont pas encore découvert cette arme ni cet ennemi qui…
- Probablement le Parasite, coupa Irul dans un murmure.
Bracktanus eut un sursaut à ce nom. Pour la première fois, un semblant de peur apparut sur son visage, mais il la balaya en affirma haut et fort :
- Le Parasite est une légende ! Le résultats de simples exagérations d’Ungoys au court des…
- Taisez-vous, inconscient ! Vous ne savez pas de quoi vous parlez ! J’ai vu le Parasite sur la Terre Sainte et les ravages qu’il a fait, autant dans nos rangs que dans ceux des humains ! Je l’ai même affronté avec courage et foi, aux côtés de mes frères, et je peux vous affirmer que votre race de barbares n’auraient eut aucune chance contre un tel adversaire !
Bracktanus était plus sombre que jamais. Même s’ils n’étaient qu’infimes, les tremblements de son corps n’échappaient pas au sens attentifs d’Irul. Le sangheili sentait qu’il avait ébranlé la confiance du jiralhanae en lui-même. Il enrage. Le fait de savoir que j’ai survécu au Parasite sans savoir s’il aurait put en faire autant doit être difficile à supporter. Son regard est vide. Il réfléchit trop. C’est ma chance !
Sans aucun mouvement qui auraient put prévenir ses actes, Irul se jeta sur Bracktanus, ses lames en avant.
- Maintenant meure, monstre !
Mais ses épées furent déviées par la protection énergétiques du grand jiralhanae. Reprenant ses esprits, d’un simple revers de main, Bracktanus repoussa son assaillant de plusieurs mètres, mais celui-ci ne perdit pas l’équilibre. Aussi rapide que le vent, Irul chargea à nouveau. Mais aucun de ses coups n’arrivaient à percer le bouclier du jiralhanae, quel que soit la force de son attaque ou l’endroit où il frappait. C’est réellement l’ultime protection. Les forerunners avaient vraiment déversé tout leur art dans ces équipements. Mais il faut que je trouve un moyen de passer à travers, sinon il va m’avoir à l’usure.
Si je me rappelle bien mes courts de l’académie, le principe du Varliors repose sur la création d’un puissant champ électro-magnétique, maintenu à la surface de l’utilisateur par un moyen inconnu. Ce champ repoussera tout ce qui possède de l’énergie ou qui serait constitué par un élément métallique. De ce fait, aucune arme standard ne peut percer cette protection à moins d’arriver à une vitesse de plusieurs kilomètres à la seconde. Seuls nos fusils de snipers peuvent atteindre une telle vitesse… mais je n’en ait pas directement sous la main, et si je pars un instant en chercher un, cette brute aura vite fait de m’écraser avec son marteau ou de me broyer de ses mains.
Il ne me reste donc plus qu’une seule solution…
Irul désactiva alors ses épées avant de les jeter à terre. Rapidement, il retira les protections de ses bras et saisit deux grenades accrochées à sa ceinture. D’une seule main, il les broya entièrement et se rua à nouveau sur Bracktanus. Celui-ci leva son marteau mais son coup manqua de loin sa cible agile, et le sangheili frappa du poing l’armure de son adversaire, la paume en avant. D’un mouvement rapide, il retira sa main et soudain, une violente explosion plasmatique souffla les deux combattants pour les envoyer à une dizaine de mètres l’un de l’autre.
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CHAPITRE 11 : La Malédiction de Bracktanus
1414 unités de temps du 155ème jour de la neuvième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ sanctuaire forerunner de la lune d’Ishaar VI.
Il fallut quelques secondes à Irul pour reprendre tous ses esprits, sa tête étant encore engourdie par la déflagration. Sa vision était couverte d’un voile blanc intense. Probablement la lumière persistante de l’explosion. Le flash s’est imprimé sur les récepteurs visuels de mes yeux. Il va me falloir encore quelques instants avant que cela se dissipe. J’espère seulement que Bracktanus est au moins aussi affecté que moi, mais avec ce que je lui ai mis…
- Co… comment ? demanda la voix faible de Bracktanus.
Irul se releva avec peine, son sens de l’équilibre étant perturbé par son manque de visibilité ainsi que par le bourdonnement intense dans ses oreilles. D’après l’intonation du jiralhanae, celui-ci devait être très mal en point, voir gravement blessé. Tous les sens d’Irul étaient grandement affaiblis, mais il pouvait situer avec précision la position de son adversaire, qui se trouvait étendu à précisément onze mètres de lui. Lorsqu’il réussit à se tenir droit, le sangheili répondit :
- Je savais qu’aucune arme standard ne pourrait pénétrer la protection du Varliors, et tenter de rivaliser avec vous dans une simple épreuve de force était totalement suicidaire. J’ai alors enlevé mes protections qui auraient été repoussé par le champ magnétique, et j’ai broyé deux grenades pour en extraire le plasma brut.
Irul montra alors sa main droite à Bracktanus. La peau de ses doigts et de sa paume était profondément calcinée, et même si la brûlure était déjà cautérisée par la chaleur intense, cette blessure devait faire profondément souffrir le sangheili. Mais la main d’Irul ne tremblait pas, et il restait parfaitement droit, comme forgé dans l’acier. Son regard restait glacial malgré le trouble de sa vue, et d’une voix dépourvue de toute émotion, il continua son explication :
- C’était le seul moyen de faire passer un élément explosif à travers le Varliors. Une fois le plasma appliqué sur ton armure, j’ai griffé tes plaques de protection métalliques avec mes doigts. Cela à créé suffisamment d’étincelles pour faire détonner la masse plasmatique. Ensuite, vu que l'explosion se situait à la surface de ton corps, le Varliors m’a protégé de la déflagration.
Mais il ne m’a pas protégé du souffle ni du flash…
- Ah ! Bien joué ! fit Bracktanus dans un rire doublé d’une toux d’agonie. Tu m’as bien eut. Mais ce n’est pas fini.
Alors que ses facultés commençaient à revenir, Irul put percevoir le bruit de nombreuses gouttes tombant sur le sol de la pièce. Le jiralhanae était gravement blessé, et ne pouvait plus se relever.
- C’est fini pour toi en tout cas, répondit Irul.
- Peut-être… mais tôt ou tard… tout ce qui s’est passé ici engendrera la destruction de ta race. Je ne serai pas… je ne serai pas le seul à se dresser contre toi.
La vision d’Irul commençait à redevenir normale, et il put s’avancer vers Bracktanus sans risquer de buter contre un mur ou de se prendre les pieds dans un débris. Son adversaire était allongé devant le dispositif central de la salle, son corps sévèrement brûlé par l’explosion. L’énorme marteau du jiralhanae était tombé non loin de lui, et Irul savait que Bracktanus ne pourrait jamais le récupérer dans son état. Toujours aussi imperturbable, il demanda à la brute :
- Et qui, dans ta race de sauvages et d’imbéciles, pourrait être de taille à m’affronter sans mourir dans la seconde ?
Un rire sarcastique agita soudain le jiralhanae, dont le regard avait regagné une énergie qu’Irul ne comprenait pas. C’était un mélange d’envie intense de meurtre et de certitude que son plus fort désir se réaliserait ; comme s’il voyait la mort d’Irul de ses propres yeux dans une vision prémonitoire que lui accordait la Mort avant de le prendre.
- Tu le sauras bien assez tôt, ricana la brute.
- Qu’est-ce qui te fait croire que ton vengeur sera meilleur que toi ?
Avec ses dernières forces, Bracktanus tendit sa main vers le sangheili comme s’il voulait l’étrangler, et lui dit :
- Tu te crois fort, toi, grand commandeur des armées de l’Alliance ? Toi qui fait parti de la race privilégiée des prophètes, tu as tant de puissance… mais cela ne durera pas. Sache que toi et ta race de prétentieux, vous êtes arrivés au sommet de votre gloire. Désormais, vous ne pourrez que descendre, et je t’assure que vous chuterez tous, jusqu’à vos tombes qui enterreront jusqu’à votre gloire passée.
La main de Bracktanus tomba alors. Les sens d’Irul étaient formels : le jiralhanae était mort. Mais malgré la satisfaction d’avoir mis fin aux jours de ce traître, les derniers mots de son adversaire vaincu l’avaient durement déstabilisé. L’assurance totale de ces paroles ne lui permettait pas de croire en une démence pré-mortuaire, mais la menace était peut-être exagérée. La race sangheili s’était placé au côté des prophètes depuis des dizaines d’années, et avaient suffisamment fait leurs preuves pour obtenir leurs faveurs. Il était difficile à Irul d’admettre l’hypothèse qu’un jour les sangheilis soient destitués de leurs privilèges.
Mais soudain, Irul se rappela l’immense tir de l’installation contre la flotte, et il se précipita vers la sortie de la salle, non sans emporter avec lui l’énorme marteau de Bracktanus.
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CHAPITRE 12 : Rapport de Mission
0537 unités de temps du 157ème jour de la neuvième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ salle du Grand Conseil de Grande Bonté.
La salle du Conseil était plongée dans un silence impressionnant. Aucun des hiérarques ou des conseillers sangheilis n’osait dire mot jusque là, attendant que les grands prophètes inaugurent cette réunion. Regret n’était présent que par holo-transmission, car il était parti en mission et était donc dans l’incapacité de faire bénéficier l’assemblée de sa présence physique. Sur la tribune centrale faisant face aux grand prophètes se tenait Irul dans son armure de conseiller, l’air calme et détendu. Mais en son fort intérieur, le sangheili était terriblement mal en point.
A ses côtés était posé le marteau de Bracktanus. Plusieurs jiralhanaes étaient présents, dont un qui se démarquait par sa cruelle ressemblance avec le lieutenant défunt. Irul ne connaissait pas son nom, mais il savait que cette brute était loin d’avoir le moindre sentiment amical pour lui.
- Commandant Irul Sulamee, commença Vérité. Inutile de vous dire que nous attendons votre rapport avec impatience. Et sachez que nous ne vous permettrons pas de nous cacher quoi que ce soit.
- Je répondrai de mon mieux, votre sainteté.
Irul prit une profonde inspiration les yeux fermés afin de laisser la quiétude inonder son esprit. J’ignore s’il croiront mes paroles, mais je n’ai pas le choix, et j’en assumerai les conséquence avec courage.
- Vous savez tous, commença-t-il, que la flotte envoyée pour notre mission sur la Lune d’Ishaar VI a été totalement détruite, et que je suis le seul rescapé des forces déployées au sol. La raison de tout ceci est le simple fait d’avoir sous-estimé l’ennemi. Les jiralhanaes se sont heurté à une vive résistance menée d’une main de maître par un vétéran sangheili, qui a perdu l’esprit après avoir combattu le Parasite sur la Terre Sainte.
A ce moment, Irul fit une courte pause pour régénérer sa tranquillité. Cette réunion dont il était le centre le troublait au plus haut point. La pression. L’ennemi ultime du guerrier. Sous la pression, certains dépriment pour finir écrasés par un adversaire opportuniste, et d’autres surmontent leurs peurs pour découvrir leurs réels pouvoirs. Il faut que je soit de ceux-là.
- Les jiralhanaes se sont battu avec honneur et talent, mais les rebelles étaient trop nombreux et ont fini par les submerger. Même avec le soutient de mes fiers guerriers, le résultat de l’opération était incertain.
« En combinant nos dernières forces, nous avons réussi à atteindre le cœur de la résistance ennemie, au niveau d’un puissant dispositif de tir. Voyant que ses chances de survie étaient faibles, le chef des traîtres a activé l’arme et a détruit notre flotte placée en orbite. Notre dernier combat a été d’une fureur terrible, et le lieutenant Bracktanus a ployé sous le nombre, non sans avoir tué un grand nombre de ses assaillants. Peut-être que les dieux ont voulu que moi seul m’en sorte, peut-être est-ce le hasard, toujours est-il que c’est ainsi que cela s’est passé.
La salle fut soudain remplie des murmures et chuchotements que s’échangeaient les conseillers et les hiérarques. Les trois grands prophètes, eux, étaient d’un calme terrifiant. Ont-ils vraiment cru à cela ? Serait-il possible que les prophètes ne puissent pas lire dans les esprits comme les légendes l’affirmaient ? Serait-il possible que…
… que cette version des faits les arrangeaient ?
- Commandant Sulamee, fit Vérité. J’aimerai que vous nous donniez vos impressions concernant les jiralhanaes, afin que nous puissions décider de la fonction qu’ils occuperont au sein de l’Alliance.
Irul prit une nouvelle inspiration, plus profonde encore. Je ne peux pas laisser ces sauvages obtenir les faveurs des prophètes, ni échapper à notre contrôle. Il faut que je soit précis et intransigeant.
- Noble prophète de la Vérité. Même si nos nouveaux alliés on combattu la rébellion avec courage, je tiens à préciser que c’est grâce à l’aide de mes frères et de leur sens stratégique qu’ils ont réussi à aller aussi loin. Sans notre soutient, leur manque de tactique les aurait conduit à une fin bien plus brève et moins glorieuse. Pour résumer, je préfèrerais me contenter de dire que les jiralhanae sont de puissants combattants, mais qu’il leur manque trop d’expérience de la stratégie pour être pleinement efficace sur le champ de bataille.
Les trois grands prophètes se rassemblèrent soudain pour délibérer entre eux tandis que dans les tribunes, les hiérarques et les conseillers faisaient de même. A cause du bruit de fond des discussions persistantes, Irul n’arrivait pas à entendre parfaitement les mots que s’échangeaient les prophètes. J’ignore ce qu’ils pensent de mon rapport, mais apparemment ils n’ont pas l’air d’en être mécontents. Pourtant, ces nouvelles sont plutôt mauvaises, et même les jiralhanaes présents dans la salles semblent calmes.
Il fallut attendre deux bonnes minutes avant que les grands prophètes ne se décident à se tourner de nouveau vers Irul
- Commandant Sulamee. Nous aimerions connaître votre avis sur le rôle à attribuer aux jiralhanaes dans notre armée.
- Je pense que jusqu’à ce qu’ils acquièrent l’expérience nécessaire, les jiralhanaes devraient être placés sous le commandement de mes frères sangheilis. Une partie d’entre eux suivraient des courts de stratégie militaire à l’académie, le tout durant une période de préparation de deux ans.
Un léger sourire apparut sur le visage de Vérité, tout comme sur celui de la grande brute qui se tenait debout à l’entrée de la salle. Les discussions des deux côtés reprenaient de plus belles tandis qu’Irul se demandait ce qui pouvait bien se passer. Mais le silence le plus total survint lorsque Vérité leva la tête pour rendre son jugement :
- Votre proposition est acceptée, commandant.
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CHAPITRE 13 : Mise en Place de l'Échiquier
0543 unités de temps du 157ème jour de la neuvième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ salle du Grand Conseil de Grande Bonté.
Irul n’en revenait pas. Il se passe quelque chose de très étrange entre les prophètes et les jiralhanaes. Quelque chose de dangereux. Je ne comprends pas pourquoi les hiérarques veulent les protéger à tout prix, même s’ils doivent accepter ma demande qui va à l’encontre de ce qu’ils voulaient pour ces sauvages.
- Vous pouvez disposez, commandant, fit Vérité. Rejoignez vos confrères conseillers pour l’affaire suivante.
L’agitation gagna les tribunes à une vitesse effrayante, tout le monde attendant avec impatience le début de cette deuxième affaire. Pendant que les conseillers et les hiérarques discutaient entre eux, Irul saisit le marteau de Bracktanus et l’apporta à la grande brute qui ressemblait comme deux goutte d’eau au traître qu'il avait éliminé. Même si cela me fait horreur, je dois le faire, pour mes frères.
- Combattant jiralhanae, commença-t-il. La perte du lieutenant Bracktanus est regrettable, mais je suis sûr que vous saurez suivre le chemin qu’il avait tracé pour votre race. Je vous rend son arme. Puissiez-vous massacrez les ennemis de l’Alliance avec.
Le visage du jiralhanae resta de marbre face à autant de politesse. Et même s’il saisit le marteau sans violence, ses mots n’en était pas moins imbibés :
- Je me moque bien de ce que vous espérez pour moi et mes semblables. Mon frère était un guerrier d’exception que personne n’aurait put vaincre, même s’il était seul contre mille de vos semblables orgueilleux. Sa mort est comme la perte de l’un des anneaux sacrés : inexplicable.
- Vous êtes son frère ?
- En effet. Je suis son frère Tartarus. Et même si je serai désormais sous vos ordres, je vous le dis tout de suite : cela changera beaucoup plus vite que vous ne le pensez.
Encore cette malédiction. Pourquoi ces jiralhanaes sont-ils si certains que la race des sangheilis tombera en disgrâce ? Probablement l’ardeur caractéristique des nouveaux alliés de l’Alliance. Ils arrivent sans savoir ce que représente notre race pour les prophètes, sans savoir le long passé d’entente et de privilèges qu’il existe entre nos deux espèces, et pensent pouvoir renverser tout ça pour devenir les nouveaux favoris. Pourtant, malgré le fait que cette malédiction me semble sans fondement, c’est la première fois que ce genre de menace me semble si réelle. Ces brutes n’ont peut-être pas l’intelligence pour eux, mais ils ont de la force et de la volonté. Je ferais en sorte qu’on les surveille de près.
Irul s’éloigna alors de Tartarus sans plus de politesse pour rejoindre ses frères conseillers à la tribune. Lorsqu’il arriva à sa place, tous les sangheilis qui l’entouraient se tournèrent vers lui comme pour le questionner, mais ne dirent mot. Ils attendent une explication. Ils savent que j’ai menti aux prophètes, et cela les afflige. Il faut que je soit net et précis.
- Mes frères, fit-il à voix basse pour ne pas être entendu des hiérarques et encore moins des prophètes. Je sais ce que vous pensez : vous vous demandez pourquoi est-ce que j’ai menti à nos saints prophètes. La raison est que cela était nécessaire.
- Que voulez-vous dire, commandant ?
- Il y a trop de choses dans cette mission qui montre que les liens entre les sangheilis et les prophètes sont en train de s’effriter.
Irul avait beau rester calme, ses frères ne montraient pas le moindre signe d’espoir dans leurs regards. Le jeune commandant compris qu’il devait être totalement franc :
- Mes frères, je connais le code d’honneur des sangheili qui dit que nous ne devons jamais mentir. Aujourd’hui, pour le maintient de notre place au sein de l’Alliance, je pense qu’il faudrait restreindre cette règle de cette façon : un sangheili ne doit jamais mentir à un autre sangheili. Je vais donc vous dire ce que je n’ai pas avoué aux prophètes : lors de cette opération, les jiralhanaes nous on attaqué moi et mes troupes.
Les conseillers sursautèrent à cette déclaration, mais Irul leur fit rapidement signe de se calmer pour ne pas attirer l’attention des prophètes. Après quelques secondes nécessaires pour faire place au silence, il continua :
- Ils avaient totalement échoué dans leur mission, et nous avons été obliger de prendre en main les opérations. C’est lorsque nous avions acquis une victoire totale contre les rebelles qu’ils nous ont trahi. Tous mes guerriers sont morts et moi seul ait réussi à sortir du temple en vie, non sans tuer le lieutenant Bracktanus et plusieurs de ses brutes de mes propres mains.
« J’aurais annoncé cette trahison aux prophètes avec plaisir si Bracktanus n’avait pas été en possession de l’un des légendaires Dargoys. De plus, il m’a avoué de sa propres volonté que les prophètes eux-mêmes lui avaient expliqué le fonctionnement du sanctuaire forerunner, alors que nous n’en avons jamais été informé. Ce sont des privilèges énormes qui leur ont été attribué là, et cela signifie que les prophètes veulent protéger les jiralhanaes. Dans quel but ? Je n’en sais rien. Mais cela veut dire que nous devons être particulièrement prudent et qu’il nous faudra surveiller cette race belliqueuse, de façon à ce que les prophètes n’acquièrent pas plus de confiance en eux qu’en nous.
- Mais pourquoi les prophètes perdraient-ils confiance en nous ? demanda un conseiller.
- Pour la simple raison que le chef des rebelles était le capitaine Filsunee, qui était également un commando de la caste bénie des prophètes, et un membre de l'Inquisition. S’ils apprenaient que même les plus déterminés et les plus dévoués d’entre nous pourraient se détourner de la voie de l’Alliance, nos privilèges disparaîtraient aussitôt aux profits de ces brutes.
Irul laissa s’écouler plusieurs secondes afin que ses confrères puissent mûrement réfléchir à la situation. Je comprend la difficulté d’accepter la dangerosité des évènements. Pour la première fois depuis la création de l’Alliance, la position des sangheilis est en danger.
- Mes frères, je sais que c’est dur, mais nous devons désormais être d’une prudence extrême.
Les conseillers hochèrent la tête en signe d’approbation, mais leurs visages étaient toujours aussi sombres. Irul pouvait ressentir des poings se serrer du plus fort qu’ils pouvaient. La première réaction serait d’avouer une haine sans borne à ces brutes qui ont tué nos frères, mais de leurs côté, les jiralhanaes doivent certainement penser la même chose de nous. La situation politique est devenue explosive.
- Bien, fit finalement Vérité. Nous allons pouvoir commencer. Escortes ! Faites entrer l’accusé.
Les portes de la salle du conseil s’ouvrirent alors, et l'ex-commandeur Orna Fulsamee avança fièrement vers l’estrade centrale. La malédiction de Bracktanus commence déjà à se réaliser. Il ne tient qu’à nous de faire en sorte qu’elle n’aille pas plus loin.
L'histoire continue dans
Le Guerrier de la Foi V : L'Ère de la Révolte
Posté le : 25/12/2008
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